« Me trouvez-vous vieilli ?» Il y a trente ans, l’éditorial du numéro de janvier-février 1983 du journal Le Gallican commençait ainsi. Mgr Patrick Truchemotte se souvenait de son ordination sacerdotale reçue en 1953. Trente années s’étaient écoulées depuis au sablier de l’Histoire.

Il ajoutait : « Faut-il vous dire que je me retrouve dans Thierry à qui je vais donner la prêtrise le 19 février. Où sera-t-il dans trente ans, en 2013 ? Peut-être - l’Eglise continue - aura-t-il lui aussi son diacre à ordonner ?»

Trente ans plus tard, ayant à mon tour été investi de la charge épiscopale, je me prépare à ordonner deux prêtres cette année. L’Eglise continue sa route, dans le temps des hommes.

« Trente ans plus tôt, trente ans plus tard... Qu’est-ce que cela veut dire pour l’initié à la doctrine du Christ ? Le temps qui passe, c’est la folle illusion du matérialisme. Nous ne sommes plus les esclaves du temps, appartenant déjà à l’infinie jeunesse de l’éternité.»

Cher Mgr Patrick, comme vous écriviez merveilleusement sur ces vérités. Je ne résiste pas au plaisir de vous citer à nouveau :

« Encore un peu de temps et, dans la Jérusalem Céleste, vous, moi et Thierry nous aurons le même âge. »
- « Au fur et à mesure que mon corps de chair se détruit, je sens un autre corps en moi grandissant a dit l’Apôtre Paul.» «Alors si vous me voyez des rides et des cheveux blancs, c’est que vous ne savez pas encore voir à travers l’apparence des choses.»
- «Je me murmure les mots du Nazinzène : «Nous savons que nous sommes à la fois très grand et très bas, de la terre et du ciel, éphémères et immortels, héritiers de la lumière et du feu, ou des ténèbres selon que nous penchons d’un côté ou de l’autre.» (Ser. 14,7)
- «Vous continuez à le citer par delà les portes de l’éternité, mon cher et érudit père spirituel, et je vous conçois très bien conversant avec Grégoire dans ce que l’Eglise appelle la Communion des Saints.»
- «Nous, les héritiers de la lumière et du feu, comment saurions-nous croire au vieillissement ?»

Sommaire