Il n'est pas bon que l'homme soit seul", dit la Genèse, "faisons-lui une compagne semblable à lui" (Genèse 2,18).

Quand on se trouve face à l'un de ces eunuques spirituels dont le Christ a dit: "c'est un secret entre Dieu et eux" (Mathieu 19,11-12); il serait peut-être téméraire de - selon l'expression consacrée: "chercher la femme".

Pourtant, dans l'aridité de la vie érémitique, parfois un rayon de féminité se profile qui est comme une réponse de celui qui a créé le couple. Cela peut prendre des formes extrêmement différentes... Chez le Curé d'Ars, ce fut un visage venu du fond des siècles qui s'implanta et prit vraiment la forme d'un mariage mystique.

Si j'étais cathare, je vous parlerai après l'endura du Curé d'Ars de son pur amour pour sa Dame de beauté.

Ne vous moquez pas. A partir du jour où le Curé d'Ars connut Sainte Philomène, un nimbe de douceur s'installa dans sa vie.

C'est le 24 mai 1802 que furent découverts des ossements dans la catacombe Sainte Priscille... Un simple loculus creusé dans la paroi de terre glaise et clos de trois briques. Sur cette paroi une inscription: "Pax tecum Philomena".

Les ossements étaient ceux d'une fillette de quatorze ans; près de la tête on trouva la petite fiole de cristal où les premiers chrétiens mettaient un peu du sang de leurs martyrs.

C'est le Supérieur des Frères de Saint Jean de Dieu, le Père de Mongallon qui passant par Lyon fut reçu dans la famille Jaricot et offrit à la jeune Pauline (17 ans) un os de la relique.

Pauline fit don d'une partie de cet os au Curé d'Ars qui installa cette nouvelle relique dans son Eglise.

Quel contact télépathique s'établit entre les deux êtres ?

Monseigneur Trochu qui ne mâche pas ses mots écrit, page 312 de son livre "Le Curé d'Ars."
- "Non seulement elle serait aux regards de la foule, la céleste thaumaturge dont la prière obtiendrait tout miracle; entre elle et le saint prêtre se lierait une chaste et mystérieuse dilection: elle serait sa Béatrice" - ici Mgr Trochu cite le Chanoine Poulain dans "Les Parfums d'Ars".
- "Elle serait sa Béatrice, son idéal, sa douce étoile, son guide, sa consolatrice, sa pure lumière."

Après Mgr Trochu et le chanoine Poulain c'est l'Abbé Monnin qui surenchérit en ces termes:
- "Dès le début, la chère sainte répondit aux attraits de son serviteur; mais leurs coeurs allèrent s'unissant de plus en plus, au point qu'il y avait entre eux, dans les dernières années, non plus une relation à distance, mais un commerce immédiat et direct; et dés lors le saint vivant eut avec la bienheureuse la familiarité la plus douce et la plus intime. C'est d'une part la perpétuelle invocation, de l'autre une assistance sensible, une sorte de présence réelle."

Les yeux d'améthyste avaient enfin trouvé un miroir mauve...

Quand j'évoquais en début de chapitre le catharisme, n'avons-nous pas l'amour pur de Dante et Béatrice, de Pétrarque et de Laure par-delà toutes les barrières ? Et quand certains se choquent d'entendre l'Abbé Julio appeler l'Eglise: "La Grande Spirite..." Qu'ils songent donc au Curé d'Ars et à sa Dame de Beauté.

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