Saint Jean Gerson "Docteur Consolarius"

En notre époque tourmentée, je crois que rien n'est plus réconfortant que de tourner les yeux vers une époque plus tourmentée encore et d'entendre ton message merveilleux, Chancelier Gerson, toi qui fut nommé par le Cardinal Zabarella: "Le plus excellent Docteur de l'Eglise".

Nous avons des querelles politiques... Ton siècle avait la guerre civile !
Nous connaissons les schismes... Ton temps fut celui du Grand Schisme !
Le cancer nous décime... Qu'aurions-nous dit de la peste noire ?

Face à cette "grande pitié" dont parlait Jeanne d'Arc, le Ciel envoya des êtres d'exception, et tu fus le plus grand par ta doctrine et ton humilité, ta silhouette domina le Concile de Constance, mais elle sut s'effacer dans le silence et la retraite pour donner à l'humanité le plus beau des livres écrits par l'homme: "L'Internelle Consolation, l'Imitation de Jésus-Christ".

C'est un Député de la Gironde: Billaudel qui, au siècle dernier, leva les derniers doutes sur les points obscurs de ton histoire et retrouva tes traces depuis le village de Gerson, sur les bords de l'Aisne où tu naquis le 14 décembre 1363, jusqu'à l'abbaye de Moelck où tu rédigeas cet ouvrage bienfaisant.

Ta vie avait été si pure et si sainte que nul ne s'étonna que dès l'instant de ta mort l'on fit élever dans l'Eglise Saint Paul de Lyon un Autel portant ta statue, afin que le Peuple Chrétien puisse te demander de transmettre à la Trinité Sainte ces prières, et je lis dans le Martyrologium Gallicum édité en 1538 que l'on te donnait déjà le titre de Bienheureux.

Tu défendis avec un courage invincible la Vérité Catholique... Ce n'est pas moi qui porte ce jugement, mais le Grand Bossuet qui va ajouter encore à la litanie de tes titres en te conférant celui de Docteur Très-Chrétien.

Tes oeuvres sont trop nombreuses pour les citer toutes... Je veux rappeler le "De Consolatione Theoligiae", "L'Apologie", "De Sigillis", "De Unitate Ecclesiasticâ", "Florettus, etc... Souvent, en écrivant, la prose te semblait indigne d'exprimer ce que ressentait ton âme... Alors le vers coulait sous ta plume enjolivant ta pensée d'un arc-en-ciel d'harmonies.

La prudence, l'équilibre, le bon sens: ces trois qualités ont été les guides de ton oeuvre. Ton livre de "l'Examen des Esprits" est une mise en garde contre le faux mysticisme, tu sus combattre le fanatisme dans l'affaire Jean Petit, et ton "De erroribus circà artem magicam" fit se dissoudre sous les rayons du soleil christique les maléfices de la noire magie.

Mais là où je te préfère, là où resplendit ta sainteté, c'est dans ces livres où tu parles de la vie contemplative, de la simplicité du coeur, de la pauvreté spirituelle et des enfants qu'il faut gagner à Jésus-Christ... De Monte Contemplationis, De simplicitate Cordis, de Paupertate spirituali, De Parvulis ad Christum trahendis.

Quand le 12 juillet 1429 tu partis vers le Ciel, tu laissais en partant une Eglise Rénovée, Vivante, Convaincue... Jeanne d'Arc, toute imprégnée de ta doctrine, commençait ce jour-là sa marche sur Reims... En Ombrie Sainte Rita De Cascia en prière obtenait la fin de la peste noire.

A la suite spirituelle des Rois de France, les Patriarches de l'Eglise Gallicane portent le titre de "Très-Chrétiens". Ce titre que te donna Bossuet, je le ressens comme une invite à te prendre pour guide: Doctor Christiannissimus Saint Jean Gerson.

Allais-je oublier ton dernier ouvrage ? Le 24 Février 1429, Jeanne d'Arc allait à Chinon confier à Charles VII son Secret, et toi tu repris la plume pour écrire un livre en faveur de sa Mission. Je suis né exactement cinq siècles plus tard, le 24 février 1929, et chaque anniversaire de ma naissance, je tourne vers toi mon esprit... Pour l'Ecclesia Francorum qui passe par des tempêtes semblables à celle du XIIIè Siècle, quels remèdes que ceux que tu as indiqués.


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