Etude historique et insolite à travers le calque du plan de Jérusalem sur celui de Bordeaux

Est-il de par le monde une ville qui contienne autant d’insolite et de merveilleux que la ville de Bordeaux ? Nous croyons avoir épuisé les sujets les plus étonnant en ce qui la concerne quand il nous est tombé entre les mains l’ouvrage le plus ahurissant que nous n’ayons jamais lu.

C’était en 1983, à l’époque où Mgr Patrick Truchemotte animait avec son équipe (Thierry et Sylvie) l’émission des "Rendez-vous de l’Insolite" sur Bordeaux-Une (radio locale aujourd’hui disparue).

Comme matériel et sujet d’émission un livre, un simple petit livre paru en 1859 et dont nous ne savions s’il existait d’autres exemplaires que celui en notre possession ; signé de trois initiales (J.B.G.), et nanti de deux illustrations (voir plus bas)… Juxtaposez les deux plans et vous serez surpris de voir qu’ils se recouvrent exactement : la Garonne suivant le cours du Cédron, le mont des Oliviers devenant celui du Cypressat, la porte de la Fontaine et la porte Dorée (où passa Jésus dans la marche des Rameaux) étant recouvertes par la porte des Salinières et la porte du Palais.

Il n’en fallait pas plus pour piquer notre curiosité et celle de nos lecteurs.

Pour voir la photo en plein écran cliquer ici

Pour voir la photo en plein écran cliquer ici

Commençons la visite

Passons le pont qui enjambait le Cédron au temps de Jésus en pensant que nous sommes à Bordeaux et que nous passons le pont de Pierre, et puis marchons vers l’orient durant ce que les romains appelaient quinze stades, nous arriverions au bourg de Béthanie ; nous arrivons au lieu appelé autrefois "Le Poteau" à la jonction de Cenon, Tresses et Floirac. Le château de Sibirol-Basse et les maisons qui l’entourent (Baudenat, Ducasse, Lalanne) correspondent aux demeures de Marthe et Marie-Madeleine, et de Simon le lépreux.

Le village de Bethphagée où deux disciples allèrent chercher l’ânesse et l’ânon est également retrouvé par l’auteur à trois mille pieds de Jérusalem ou de Bordeaux : c’est le bourg de La Bastide.

Ce qui formait en 1859 la plaine de Queyries ou des Palus devient donc la célèbre vallée de Josaphat.

Correspondant au grand marché Jérusalem où Saint Jacques eut la tête tranchée nous allons trouver le grand marché de Bordeaux, et là les Pères de la Miséricorde ont construit la chapelle de Saint Jacques.

Avant d’aller plus loin dans ce concours extraordinaire de coïncidences, il convient de se demander quel ange de la ville de Jérusalem est ainsi venu guider les habitants de Bordeaux pour amener cette ville à copier peu à peu la Jérusalem antique ? L’auteur de cet ouvrage, qui est un chef d’œuvre d’érudition, avoue qu’il n’est pas le premier à avoir été frappé par cette similitude. Et il cite le Révérend Père François-Xavier de Sainte Marie : "Je suis dans Jérusalem… Mais n’est-ce pas un rêve ? Dans Jérusalem ! "

Mais continuons à suivre J.B.G. dans ce curieux voyage : à la gauche du pont de Cédron était la fontaine de Siloé où Jésus rendit la vue à un aveugle. A 275 pas de l’entrée du pont de Pierre, sur la gauche, J.B.G. trouve avec émotion la fontaine de la Grave sur le quai du même nom. Le palais d’Anne et Caïphe était jouxté d’une tour d’où l’on pouvait voir Bethléem. En continuant à juxtaposer nos plans nous voyons que ce palais est recouvert par l’église Saint Michel ; montons à la célèbre "flèche" et nous verrons à la place de Bethléem : Léognan.

J.B.G. ne s’arrête pas là, il nous montre - et ce n’est pas le moins curieux - que le ruisseau qui traverse la ville de Jérusalem pour se jeter dans le Cédron suit le cours de notre Peugue.

Le Cénacle, salle haute où Jésus célébra la Cène et institua l’Eucharistie se trouverait sur la place de la Madeleine, et J.B.G. n’oublie pas de nous faire remarquer que cette chapelle possède une salle haute.

Vous avez déjà pu remarquer que deux portes de Jérusalem recouvrent deux portes de Bordeaux ; il en est d’autres : par exemple, la porte de la vallée de Jérusalem à l’emplacement de la porte des Portanets à Bordeaux, ou encore au bout de la rue Saint Rémi l’ancienne Porte des Peaux d’où l’on déversait les immondices qui correspond à la Porte des fumiers de Jérusalem.

Quatre portes au même endroit à Bordeaux et à Jérusalem c’est ahurissant, mais en voici une cinquième : La Porte de Jébus qui recouvre notre Porte Dijeaux.

Près de la Porte Dijeaux, jadis Porte de Jovis se trouve la Place Dauphine. C’est là que durant la Révolution fonctionnait la guillotine…A Jérusalem au temps de Jésus, près de la porte de Jébus, il y avait aussi ne petite place où l’on faisait les exécutions.

Le Jardin de Gethsémani a aussi été découvert par J.B.G. ; c’est un enclos qui en 1859 appartenait à Monsieur Billaudel ; il a même trouvé le rocher où Jésus invita Pierre, Jacques et Jean à demeurer pendant qu’il allait prier.

A l’emplacement d’un jet de pierre (toujours dans la propriété de Monsieur Billaudel) J.B.G. trouve l’emplacement de la grotte de l’Agonie.

Et savez-vous à quel endroit de Bordeaux correspond le lieu où l’Apôtre Pierre se retira pour pleurer amèrement sa faute d’avoir renié Jésus ? A la maison de la Miséricorde, rue Sainte Eulalie ;

Selon les précisions de J.B.G. Jésus fut enfermé dans le Palais de Caïphe qui correspond exactement à l’Eglise Sainte Eulalie. Il en sortit à six heures du matin encadré par un cortège de gardiens qui s’engage dans la voie correspondante à la rue Pellegrin, puis, rue de Ségur, il tourna à droite dans les anciens fossés des tanneurs pour déboucher dans ce qui à Jérusalem est le quartier des Accra, correspondant à Bordeaux à la Place Pey-Berland.

Ensuite le cortège prend à droite la voie qui va directement vers le Temple de Salomon, c’est à dire par la rue du Loup en direction de la Place du Palais. Le cortège s’arrête ensuite dans la grand rue qui coupe Jérusalem parallèlement au Cédron (c’est à dire à Bordeaux à la rue Sainte Catherine), puis il s’engage dans l’équivalent de la rue du Cancéra et de la rue Carpenteyre pour arriver enfin au Palais de Pilate, c’est à dire pour Bordeaux à l’église Saint Pierre.

Mais Pilate n’osant prendre parti envoie Jésus à Hérode. Le palais d’Hérode se trouve à la place du Grand- Thêatre. Il est reconnaissable aux statues des Muses.

Hérode costume Jésus comme un roi de thêatre et le renvoie à l’église Saint Pierre, c’est à dire au palais de Pilate. Commence alors après le fouet et les tortures le chemin de croix… Jésus marche vers l’occident en portant sa croix.

Il vient de sortir de l’Eglise Saint Pierre en passant sous l’arcade de l’Eglise occidentale, il s’avance dans la rue de la Devise, il tombe pour la première fois à la jonction de la rue de la Devise et du Fort-Lesparre.

Sur la place du Marché Royal il rencontre sa mère par les rues des Lauriers et Saint Rémy ; Jésus arrive à la rue Sainte Catherine où Simon de Cyrène va l’aider à porter sa croix.

Quatre cent soixante-dix-huit pieds plus loin Jésus se trouve rue Porte-Dijeaux et là, entre la rue Castillon et la Place Puy-Paulin, Sainte Véronique essuie sa figure de son voile. Plus loin dans la rue Porte-Dijeaux Jésus tombe pour la seconde fois ; puis il passe sous la porte qui à l’entrée de Jérusalem s’appelle la Porte de Jébus.

Nous sortons là des limites de la Jérusalem antique. Là commence, en obliquant vers le nord-ouest, la voie qui conduit au calvaire ou Golgotha.

Sous la Porte-Dijeaux Jésus entend la lecture de sa sentence par un soldat romain.

A la jonction de la rue Judaïque et de la rue Saint Sernin, Jésus rencontre les Saintes Femmes, et puis, sur ce qui était à l’époque de J.B.G. les allées d’amour (maintenant Place des Martyrs de la Résistance), il tombe pour la troisième fois.

De cet endroit il peut voir le calvaire à quarante-cinq pieds. Plus loin il est dépouillé de ses vêtements ; encore trente pieds et on le cloue sur la croix.

Puis la croix est portée trente-cinq pieds plus loin. Le dos du Christ est tourné à Bordeaux-Jérusalem ; en face de lui la basilique Saint Seurin.

J.B.G. ne nous dit pas si la crypte Saint Seurin est le Saint Sépulcre, mais il nous montre Marie se retirant dans la maison de Jean (toujours en superposant les plans) dans la chapelle du Sacré-Cœur de Marie, rue Permentade.

L’Ascension aura lieu au sommet de la montagne des Oliviers, c’est à dire devant l’église Saint Romain, sur la plate-forme, devant le portique sur la côte de Cenon (où sont les figuiers en grand nombre à l’époque où le livre est écrit - il en restait encore dans les années quarante).

La maison du mauvais conseil où se réunissaient les prêtres de Caïphe recouvre un emplacement sur la Souys.

L’emplacement du temple de Salomon était remarquable. Il jouxtait la porte Dorée, c’est à dire sur le plan de Bordeaux la porte du Palais et notre palais de l’Ombrière qui s’étendait jusqu’à la rue du Pas Saint Georges.

La citadelle d’Antiochus Epiphane à Jérusalem devient à Bordeaux la cathédrale Saint André, et le palais d’Hélène reine des Adiabéniens se trouve placé rue Sainte Hélène.

A côté de la citadelle d’Antiochus se trouvait à Jérusalem la maison du public et son jardin ; à Bordeaux cela correspond à la mairie près de la cathédrale.

Bezetha : la ville nouvelle au nord de Jérusalem correspond au quartier des Chartrons. Il y avait à Jérusalem un cirque où la foule allait voir les combats des gladiateurs et des bêtes ; il correspond sur le plan au Palais-Gallien…

Si nous étendons notre plan aux alentours de Jérusalem nous voyons également que Engaddi (renommée pour l’excellence de ses vins au temps de Jésus) correspond à Sauternes, et que Jéricho recouvre Verdelais. Jéricho, patrie du prophète Elie où Jésus rendit la vue à un aveugle. Quelles correspondances étranges !

Commentaire

Quel que soit l’accueil à faire à ce livre retrouvé, il a pour le chrétien un premier mérite : nous permettre en lisant les récits des Evangiles de mieux situer les épisodes de la vie du Christ. Au besoin pour celui qui veut progresser, en passant devant tel monument ou telle rue, de méditer sur un passage de la vie de Jésus.

Le titre exact du livre est : "Jérusalem à Bordeaux - Curieux rapprochements entre Jérusalem au temps de Notre Seigneur Jésus-Christ et Bordeaux au XIXème siècle, suivis d’un itinéraire de la voie de la captivité et du chemin de croix dans l’une et l’autre ville". Libraire - Editeur : Amboise Bray - Paris.

Le livre est dédicacé à Monsieur l’Abbé Dasvin de Boismarin, fondateur et directeur de la société des amis chrétiens de Bordeaux.

En 333, c’est à dire au siècle de Saint Amand et de Saint Delphin, évêques de Bordeaux, au siècle du célèbre Ausone circulait un ouvrage en latin intitulé : "Itinerium a Burdigala Hierusalem usque". J.B.G. rappelle que vingt-sept ans avant la naissance de Jésus l’Empereur Auguste avait donné le gouvernement de la Judée à Hérode, qui en avait établi la métropole à Jérusalem. De même, vingt-sept ans avant le début de l’ère chrétienne, le même Auguste érigea Bordeaux en métropole de la seconde Aquitaine.

Bordeaux – Jérusalem, quels rapports entre les deux villes ?

En se référant aux annales de Bordeaux J.B.G. nous fait remarquer que Burdigala c’est Bures Galen, autrement dit : voyageurs et joncs. Peut-être à cause de voyageurs lointains (des phéniciens pour J.B.G.) venus y habiter et experts en tissage des joncs, ou couvrant leurs habitations de joncs.

Mais au fait, avec les lettres de Bures Galen on fait le mot Gerubsalen…

Il reste une énigme qui torture notre esprit depuis que nous avons ouvert ce livre ; qui est J.B.G. ?

J.B. à 99% et plus de probabilité c’est Jean-Baptiste, mais G ?

Nous avons pensé à l’archiviste du département de la Gironde, Jean-Baptiste Gras ; à Jean-Baptiste Grateloup, médecin, membre de la société linéenne ; à Jean-Baptiste Gautherin, un ancien capitaine de navire qui vivait au 1 cours de Gourgues.

Laissons la conclusion à J.B.G. : "Jamais nous ne nous sommes flatté de l’espoir de démontrer que Bordeaux est, universellement et de tout point, l’image de Jérusalem ; qu’il en reproduit tous les traits, toutes les distances, tous les accidents locaux. S’il en était ainsi, il ne s’agirait plus d’un fait matériel ou humain assez extraordinaire ; ce serait sérieusement un vrai miracle, comparable à la translation de la maison de la Vierge à Lorette (Italie). Nous espérons simplement que tout chrétien ayant Bordeaux pour ville natale ou adoptive, nous saura quelque gré de lui avoir indiqué, tout près de lui, comme une reproduction de Jérusalem, et de lui avoir donné un avertissement salutaire, en lui disant avec le poète : "Tu ne saurais marcher dans cet auguste lieu, Tu n’y peux faire un pas, sans y trouver ton Dieu ! "


Sommaire