Une année de plus au sablier de l’Histoire. Dans le concert des multiples Eglises chrétiennes oeuvrant au service du Seigneur, notre Eglise Gallicane continue sa route. Et dans un monde en perpétuelle mutation, l’Eglise demeure un pôle spirituel solide. «Vous êtes le sel de la terre, vous êtes la lumière du monde» déclarait Jésus à ses disciples. L’Eglise transmet des valeurs, elle apaise, elle réconforte, elle encourage, elle redonne l’espérance. Dans les jours de tristesse ou de malheur, elle permet de ne pas sombrer. Dans les jours heureux, elle reflète la lumière du soleil christique. Oui le Christ est un soleil, «sol invictus», «soleil invaincu» des anciennes mythologies, avec la différence qu’il n’est pas seulement un mythe ou une légende. Pour les chrétiens il est une réalité, «le chemin, la vérité, la vie.»

Foi vivante, foi priante, amour fraternel, partage de l’Evangile, nos paroisses s’efforcent de refléter cette «lumière que les ténèbres ne peuvent comprendre». C’est sans doute un des secrets de l’audience croissante que rencontrent nos communautés auprès de ceux qui cherchent.

Comme beaucoup d’entre vous ces dernières semaines, j’ai été ému par la disparition du président sud africain Nelson Mandela. Il n’y a bien sur pas de rapport direct avec notre Eglise Gallicane, mais il faisait partie de ces êtres de lumière qui partagent le charisme de faire changer les gens, bouger les lignes. Certaines personnes développent la capacité de produire cette impression autour d’elles. Elles portent quelque chose qui les transfigure. Ainsi en était-il pour le président Mandela qui incarnait les valeurs universelles du pardon, de la tolérance et du courage. A son contact, la population sud africaine s’est sentie meilleure, plus forte. Elle a évolué favorablement, évitant une guerre civile et réalisant son unité. C’est le secret de l’alchimie opérée entre ce grand président et son peuple.

Ce témoignage nous rappelle les paroles de Jésus déclarant à ses apôtres: «vous êtes le levain dans la pâte». Chacun sait, pour faire du pain, qu’il suffit d’un peu de levain pour faire monter toute la pâte. Le chrétien est donc appelé par Jésus à faire «monter la pâte humaine», à être ferment de paix et de lumière. Les valeurs que nous portons, celles de l’Evangile, nous obligent à ce dépassement perpétuel de nos limites, en l’occurrence, celles de l’étroitesse d’esprit.

Il faut souhaiter que nous ayons toujours la santé pour réaliser cet idéal. La santé est un don précieux. Les années passant, et nous avec, rendons grâces au Seigneur pour la bénédiction de pouvoir agir et faire, grâce à la santé. J’ai une pensée émue pour nos prêtres, nos anciens qui perdent peu à peu cette capacité avec le poids des années et l’usure du corps. Certes le coeur ne vieillit pas et dans sa tête on a toujours vingt ans, mais le fil de la vie est fragile. Humblement, il faut accepter le fait, qu’un jour ou l’autre, il faut partir. Même le Christ est passé par là. C’est la loi de cet univers.

«Vers qui irions-nous Seigneur, tu as les paroles de la vie éternelle.» L’Apôtre Pierre s’interrogeait avec ses compagnons, sur le sens de la vie. Il a rencontré le Christ. Cette rencontre fut une renaissance, elle a tout changé pour lui et ses camarades. Il a pu voir au delà des apparences, au delà de l’horizon parfois dur et morne des épreuves terrestres. Il a entrevu le seuil de la vie éternelle, il a été témoin du Christ ressuscité.

Cette foi dont nous sommes tous dépositaires, cet héritage, ce patrimoine spirituel reçu de nos Pères, nous avons charge de le transmettre. L’Eglise oeuvre pour la vie. Ses outils principaux sont l’Evangile et la compassion. Ses valeurs sont au service de l’être humain.

Dans la paix et la lumière du Christ

Mgr Thierry Teyssot


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