Le soleil se couche, une année s'achève. Une autre se lève,
c'est un nouveau départ. La vie est un voyage, mais nous ne sommes pas
seuls. Pour le chrétien, le Christ demeure le soleil incréé
qui se lève perpétuellement pour éclairer nos ténèbres
: une présence, un rayonnement, une force, une parole. Ce que voile nos ténèbres
est déchiré par la lumière de celui qui a dit : « Je
suis le chemin, la vérité et la vie » (Jean 14,6)
Dans quelques heures nous célèbrerons Noël. Le mystère
de l'Incarnation nous rappelle que Dieu est devenu l'un de nous, une personne
humaine avec un visage, quelque part celui de tous les hommes : « ce
que vous ferez au moindre de vos frères, c'est à moi que vous le
ferez » (Mathieu 25,40). Noël est une fête, parce que « la
lumière qui éclaire tout homme venant en ce monde »
vient avec le bambin de la Crèche, et son étoile guide ceux qui
peinent à trouver le chemin.
En regardant attentivement ce que content les Evangiles, il y a beaucoup à
apprendre du mystère de Noël. Lumière d'un côté,
avec le courant miraculeux qui intervient dans l'histoire des hommes, ténèbres
de l'autre avec le mauvais perpétuellement en embuscade pour nuire à
la Sainte Famille ; c'est l'histoire de la vie, le yin et le yang des
orientaux, ce que Jésus appellera plus tard le bon grain et l'ivraie. Le
Sauveur est avec nous dans les moments heureux, puisqu'il nous a demandé
de nous aimer les uns les autres, il l'est aussi dans les moments d'angoisse et
d'épreuve, puisque vers la fin de son voyage il y eut le drame du
calvaire, avec le supplice de la croix.
La vie est belle et terrible à la fois. Le libre arbitre nous permet
de faire des choix heureux, mais l'ignorance ou la pesanteur de ce que l'on
pourrait appeler la destinée génèrent une part de mal avec
laquelle il faut composer. Le « péché est une
gravitation » écrivait Victor Hugo, et le Sauveur a déclaré
que ce ne serait pas toujours facile; il faut bien « porter sa croix »,
et souvent pour le prêtre : celle des autres.
Mais l'espace d'un instant, d'un moment privilégié, notre
voyage fait étape à la crèche, pour nous recentrer sur ce
qui est essentiel. Au fond, qu'est-ce qui est important dans notre vie,
qu'est-ce qui compte vraiment à nos yeux ? La « vie n'est
elle pas plus que le vêtement » déclarait Jésus !
La venue au monde de l'Enfant divin nous rappelle que nous avons perpétuellement
à faire le choix de la vie, c'est à dire de l'espérance,
dans la foi et la charité réunies. Ce qui gangrène nos sociétés
occidentales est ce qui tue l'espoir et condamne à la résignation.
Le chrétien est un guerrier pacifique; il se bat contre le désespoir,
un des maux de notre époque, matériellement ou spirituellement.
A toutes et à tous je souhaite un joyeux Noël, dans la paix et
la lumière du Christ Jésus.
Mgr Thierry Teyssot
* Bordeaux ce 23 décembre 2011
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