"C'est à Antioche que, pour la première fois les disciples reçurent le nom de chrétiens" (Actes 11,26)

En prenant ce nom la jeune Eglise marquait bien son originalité par rapport aux anciennes religions... Ses membres étaient du "Christ".

Etymologiquement le mot grec chrestos signifie oint. Et, dans l'esprit des Apôtres, il ne saurait y avoir le moindre doute que Jésus de Nazareth ne soit ce Christ prédit par les prophètes: le Messie (de l'hébreu mashi'a - celui qui a été oint).

De Genèse (3,15) jusqu'à l'affirmation du vieillard Siméon rapportée par Saint Luc (2,26) - "Il avait été divinement averti par l'Esprit-Saint qu'il ne verrait pas la mort avant d'avoir vu l'Oint du Seigneur" - la venue du Messie constitue une promesse millénaire magnifiquement réalisée.

L'Apôtre Paul le rappelle au début de l'épître aux Hébreux; le Christ-Jésus, Fils de Dieu, adoré par les anges, oint d'une huile d'allégresse est bien celui qui: "aux origines fonda la terre et les cieux..." (Heb. 1,10) - C'est par Lui que Dieu a fait les siècles et qu'Il nous a parlé.

Parole de Dieu le Christ-Jésus est donc bien ce Verbe (logos = parole) dont l'Apôtre Jean nous trace au début de son Evangile un tableau très clair:

"Au commencement était le Verbe et le Verbe était avec Dieu et le Verbe était Dieu"
L'Evangile selon Saint Jean nous précise bien que tout fut par Lui et que rien ne fut sans Lui.
La Bonne Nouvelle (Evangile) part donc de cette affirmation:
"Et le Verbe s'est fait chair et Il a habité parmi nous" (Jean 1,14)
"Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné Son Fils Unique afin que quiconque croit en Lui ne se perde pas mais ait la vie éternelle" (Jean 3,16)

Très vite les chrétiens eurent à protéger cette révélation contre diverses déviations doctrinales (hérésies):

Docétisme: l'humanité du Christ est niée, Jésus n'aurait été qu'un être immatériel.
Arianisme: la divinité du Christ est niée, Jésus n'aurait été qu'un homme.
Nestorianisme: la divinité serait descendue sur Jésus vers l'âge de 30 ans, lors du baptême de Jean (rejette par conséquent la maternité divine de Marie).

Face à ces déviations les chrétiens durent préciser l'essentiel de leur message dans diverses Professions de Foi dont les trois principales sont:

Le symbole des Apôtres
Le symbole de Nicée-Constantinople
Le symbole de Saint Athanase.

Précisant ce qui est de Foi catholique (c'est à dire universelle) le symbole de Saint Athanase - dit aussi credo gallican - affirme que:
"Notre Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, est Dieu et Homme. Il est Dieu engendré de la substance du Père avant tous les siècles, et il est homme né dans le siècle de la substance d'une mère. Dieu parfait, homme parfait, subsistant avec une âme raisonnable et dans la chair humaine. Egal au Père selon sa divinité, moindre que le Père selon l'humanité. Et quoiqu'il soit Dieu et homme, il n'est pas néanmoins deux personnes, mais un seul Jésus-Christ."

Inséparable de la découverte du Christ est, pour les premiers chrétiens - et, bien sur, pour nous aussi la découverte de l'Eglise.

"Elle est l'Epouse et il est l'Epoux" (Jean 3,29)
Déjà l'Ancien Testament présentait Israël comme l'épouse de Dieu (Osée 1,2), mais le Christ va préciser cette pensée à ses Apôtres et leur prédication se centrera sur cette grande idée que:
"Le Christ a aimé l'Eglise, il s'est livré pour elle afin de la sanctifier en la purifiant par le bain d'eau qu'une parole accompagne, car il voulait se la présenter à lui-même sans tache ni ride, ni rien de tel, mais sainte et immaculée" (Epître aux Ephésiens 5,25-26).

L'Apôtre Paul précise d'ailleurs que les paroles de la Genèse parlant de l'union d'Adam et Eve (Genèse 2,24) s'appliquent au Christ et à l'Eglise:
"Ce mystère est de si grande portée, je veux dire qu'il s'applique au Christ et à l'Eglise" (Ephésiens 5,32).

L'on peut dire du Christ et de l'Eglise qu'ils sont "une seule chair" (Ephésiens 5,31).

Plusieurs Pères de l'Eglise et principalement Origène dans son "Commentaire du Cantique des Cantiques" ont insisté sur cette union du Christ et de l'Eglise et sur le fait que les paroles de Salomon dans le Cantique des Cantiques sont le dialogue d'amour de Jésus-Christ et de l'Eglise.

L'Apocalypse nous confirme ces épousailles, nous parlant du repas de noces de l'Agneau.

Et chaque assemblée locale, aussi petite soit elle, est dans l'espace et dans le temps la projection de l'Eglise éternelle.

D'où les expressions des Apôtres telle que:
"L'Eglise de Dieu établie à Corinthe" (1ère Cor. 1,2), "à l'Eglise des Thessaloniciens qui est en Dieu notre Père et dans le Seigneur Jésus-Christ" (2ème Thess. 1,1), "Moi l'ancien à la Dame élue" (2ème Ep. de Jean 1), "Les enfants de ta Soeur élue te saluent" (2ème Ep. de Jean 13).

Chacune des assemblées locales est donc bien l'Eglise de Dieu, l'Epouse, la Dame élue...

Chacune de ces communautés a pourtant sa personnalité propre, ses usages, sa façon de prier, sa discipline personnelle.

L'Apocalypse nous montre les anges des Eglises d'Asie, ces anges présidant aux destinées de chaque ecclesia sont représentés comme une poignée d'étoiles dans la main du Christ (Apoc. 1,20).

Le Credo de Nicée nous dit: "Je crois l'Eglise Une, Sainte, Catholique et Apostolique"


Je crois l'Eglise (et non pas Je crois en l'Eglise, non sens donné par certaines traductions).

Une: le Christ n'a qu'une Epouse formée de milliers d'Assemblées dispersées dans l'espace et dans le temps... D'où la prière de la Didachée retenue par la liturgie de la messe gallicane: "Comme ce pain rompu fut jadis dispersé sur les collines, rassemble Ton Eglise, Seigneur".

Sainte: ce mot vient de l'hébreu kadosch = mis à part, choisi, qui est dans la bénédiction du Dieu Très-Haut.

Catholique: c'est à dire répandue dans tout l'univers; ce mot vient du grec catholicos = universel, l'Eglise est Universelle non seulement dans l'espace mais aussi dans le temps... Elle est de toutes les époques et de toutes les nations.

Apostolique: transmises par les Apôtres la doctrine et la succession se sont perpétuées et se perpétueront dans l'Eglise Corps mystique du Christ.


Il faut relire le chapitre douze de l'épître aux Corinthiens pour bien se représenter combien l'Eglise est à la fois une et diverse...

A chacun de ses membres il y est rappelé: "Vous êtes le corps du Christ et membre chacun pour sa part".

Ainsi le Baptême ayant plongé les choisis de Dieu dans le Christ, chacun d'eux devient cellule vivante de la Dame élue (2ème épître de Jean 1) donc du Christ qui s'unit à elle dans l'Eucharistie.

L'Eglise n'est donc pas une société humaine mais la Présence du Christ sur la terre.

Nous pouvons donc envisager le Christ comme une seule Personne en laquelle sont deux natures:

La Nature Divine: Seconde Personne de la Sainte Trinité; Verbe/logos.

La Nature Humaine: Le Christ fait Homme
1) En Jésus
2) En l'Eglise "laquelle est Son Corps" (épître aux Ephésiens 1,22)

Mystère d'Amour: "Il nous a aimé" dit l'Apôtre Paul, "Il nous a relevé et nous a fait asseoir dans les régions célestes par le Christ-Jésus" (épître aux Ephésiens 2,6).


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