L'article suivant fait partie de la collection mêlant roman et étude historique publiée vers 1984 par Mgr Patrick Truchemotte et intitulée : "Les Momies de Saint Michel ont enfin la Parole".

Vous avez été nombreux, suite à la publication d'une "Momie Retrouve l'Arche d'Alliance", à nous demander la suite de ces nouvelles extraordinaires.

La période des vacances étant propice à l'imaginaire et à la détente, nous sommes heureux de vous proposer aujourd'hui un récit fantastique sur le thème de la :

force Vril...

Les amateurs de mystère et de science fiction apprécieront.


Mon témoignage sur le cérémonial d'envoûtement de la Peste dans Bordeaux en 1528 a pu vous surprendre et c'est, je pense, pour cette raison que vous avez décidé de me réveiller une seconde fois... Vos questions sont fort indiscrètes puisqu'elles portent sur l'Eglise Secrètes des "Eclairés" dont j'avoue avoir fait partie.

En d'autres temps je me serais tu, même sous le fer rouge; mais tant de siècles ont passé que mes révélations ne peuvent porter tort à des Frères et puis le Maître Mot que vous venez de prononcer me délie du silence.

Je vais donc me reporter à l'époque où j'enfilais pour la prime fois la cagoule des initiés afin de représenter les Michaëlites de Bordeaux, c'était en 1519 et j'ai souvenance que la première annonce qui nous fut faite concernait la mort d'un de nos frères dans la doctrine cachée : Messire Léonard de Vinci qui venait de décéder à Ambroise.

Messire Ulrich de Mayence venait de s'embarquer pour le Mexique, il devait en revenir en 1526 avec une pleine cargaison de pépites d'or et c'est - lors de son absence - que notre assemblée prit de bien regrettables décisions.

J'étais là, au milieu des Eclairés, et je regardais les signes du zodiaque brodés sur leurs cagoules... Chacun de ces signes indiquait la région de France d'où provenait l'initié : la mienne portait l'Ecrevisse (Astacus Fluviatilis ou Cancer Astacus) que les astrologues du commun nomment tout simplement : Cancer.

Treize sanctuaires initiatiques marquaient en France les positions de notre organisation. Au centre Bourges avec une Tour dont je vais vous parler tout à l'heure... Et puis douze rayons d'égale distance délimitant les provinces : La nôtre avait pour mots clefs : Zabulon-André-Daleth et le Primat portait au doigt une escarboucle.

C'est à cette Assemblée de 1519 qu'une fonction toute spéciale fut confiée à un frère du nom de Gonin ; je le connaissais bien ayant travaillé sur la transmutation des métaux avec lui, mais je fus surpris de la puissance de son exposé quand il fit connaître qu'il croyait avoir retrouvé la Force Vril.

Autrement dit l'un des antiques rêves des alchimistes.

Laissez-moi vous expliquer :

Nous avons formé ce mot Vril à partir de quatre lettres de Vitriol :

Vau - Resh - Iod - Lamed.

Les Elèves en Kabbale chiffreront : Six - Vingt - Dix - Douze

Cette puissance est basée sur une dilution sonique capable de fissurer l'atome, mais non point de la manière dont l'ont fait les scientifiques de votre époque...

L'action Vril agit sur la partie de l'atome située (si je puis m'exprimer ainsi) hors du domaine espace-temps... En d'autres termes nous ne cherchions pas à bombarder la matière, mais l'essence de la matière, il nous fallait donc agir sur un terrain d'expérience qui échappe encore aux spécialistes de votre force nucléaire.

Vril c'est d'abord Six fois Vingt soit Cent Vingt,

Puis Cent Vingt fois Dix soit Mille Deux Cents,

Puis Mille Deux Cent fois Douze :

Quatorze Mille Quatre Cent...

Vril, c'est le nombre de la force capable de faire crouler les murailles de Jéricho, de faire s'écarter les flots de la Mer Rouge, de déplacer une montagne ; ajoutez un iota au mot Vril vous avez Vrili, soit les 144000 dont il est parlé dans l'Apocalypse.

En 1519 tout cela nous passionnait et je vous laisse à penser quel effet fit Gonin quand il nous expliqua comment capter cette force cosmique... Il suffisait de douze émetteurs lançant leur "incantation" en direction de la Tour de Bourges; là serait la baguette à charger de Vril.

Bien des points restaient à préciser, Gonin demandait la mobilisation absolue de tous les centres initiatiques sur cette expérience. Bordeaux étant la ville la mieux organisée à l'époque, il fut décidé que l'expérience serait faite dans la période de son signe. On choisit la date du 12 juillet et l'année 1522.

Ce délai sembla à certains bien court pour préparer une telle oeuvre, mais Gonin insista et il finit par emporter les convictions.

La première recherche fut de trouver douze adeptes chacun d'un signe de naissance différent, mais ayant tous un ascendant Ecrevisse.

Chacun d'eux devait apprendre à se concentrer sur la lame tarotique de son signe et à en prononcer rituellement le nom : Aleph pour le Mont Saint Michel dont l'adepte était Bélier ascendant Ecrevisse, Lamed pour Amiens dont l'adepte était Poisson ascendant Ecrevisse, Caph pour Reims dont l'adepte était Verseau ascendant Ecrevisse, etc, etc.

Je voudrais être assez savant pour vous décrire par le menu les appareils qui furent entreposés dans chaque ville, leurs longs tubes de cristal les faisaient ressembler à d'insolites et féeriques grandes orgues.

La voix devait passer par cet enchevêtrement de tiges fines et transparentes, se dissocier dans les méandres de ces irréels couloirs, se transmuer en particules impalpables, se diluer dans la lumière, se faire un imperceptible élément que l'appareil allait projeter comme un vaste jet d'eau dans l'espace... Là ces particules flottaient à la façon d'un très scintillant nuage jusqu'à ce que les attire comme un volumineux aimant un autre de ces surprenants réseaux de cristal, celui-là situé en la Tour de Bourges : la voix humaine se reconstituerait, revivrait, serait réaudible.

Non ! Je dois à la vérité de dire que cette transmission n'avait pas la qualité de vos modernes radios et l'un des inconvénients était cette espèce de chevrotement qui se produisait au moment où la voix ressortait des longs manches d'écoute, un autre handicap était que nous ne pouvions émettre et capter que durant les heures nocturnes : le jour les rayons solaires dissolvaient nos nuages sonores. Messire de Nostredame y faisait allusion en sa Prime Centurie :

- Estant assis de nuict, secret estude
- Une peur et voix frémissent par les manches.

Certains pensent peut-être que divague depuis un long moment mon cerveau momifié : Si tout ceci avait existé, se disent-ils, l'Histoire le dirait bien.

Je me permets de leur répondre que Dame Clio ne se nourrit que de documents et que pendant des siècles et même des millénaires les penseurs eurent pour doctrine de tout cacher aux non-initiés. Le grand commandement était de se taire et de tout détruire après usage.

Nous eûmes même grande colère quand il nous arriva d'apprendre que Messire Léonard de Vinci avait laissé en mourant des croquis d'appareils capables de laisser pressentir ce que nous possédions et utilisions.

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La gravure ci-dessus est tirée de l'ouvrage : "Amphithéatre de la Sagesse Eternelle" (1609). L'expert en symbolisme y trouvera matière à se renseigner sur les douze provinces initiatiques de France. A notre avis l'erreur de Gonin fut de ne pas avoir pris des adeptes dont l'ascendant correspondait au signe zodiacal ; par exemple : verseau ascendant verseau pour Reims, etc. La force Vril fut ainsi décentrée.


Mais revenons à Bordeaux où, dans le plus profond des caveaux de la Tour Saint Michel, nous établissions dans le plus grand secret l'envoi de la force vibratoire Daleth en direction de Bourges le 12 juillet 1522.

L'année précédente nous avions vu défiler tout ce que l'époque comptait de grands noms en le noble Art d'Alchimie : Philippe Ulsted qui préparait l'édition latine de son "Ciel des Philosophes", il nous avait fort aidé dans la disposition de notre appareillage... Expert en la préparation de l'Or potable, il n'en daignait pas moins préparer de ces eaux de vies de vin, de miel, de pommes et de fleurs dont j'ai encore un petit goût de revenez-y en bouche.

Le grand Agricola conversa beaucoup avec moi, il préparait son livre sur : "L'Origine et les Causes des Corps Cachés sous Terre" ; nul mieux que lui ne sut jamais mieux parler des minerais... Au fait savez-vous que son vrai nom était Georges Landman (L'homme de la terre).

L'ancien Prieur de l'Abbaye de Bath, le Révérend William Holleweye vint aussi en 1521 à Bordeaux avec un groupe de ses disciples. Il offrit à mon Maître toute une malle de livres précieux : "Le rosier des philosophes, la fleur des fleurs, la lumière nouvelle" : trois livres que l'on croit d'Arnaud de Villeneuve, le "De Vinis" qui est certainement de lui, le livre de "l'Ars Compendiosa" qui est de Raymond Lulle, les Opus de Bacon et des livres de lui ou de son école tels que "Le Miroir d'Alchimie, le Miroir des Secrets, le Miroir des Voix Fuyantes, le Don de Dieu, le Petit Traité du Lion Vert, la Summa Perfectionnis, la Doctrine d'Alchimie, le Thesaurus Chemicus, le Traité du Transport des Voix par la Lumière, le Tierce Traité de la Pierre Philosophale, l'Epistola de Magnete, l'Opus Magnus ad Clementem" : tous livres sans la lecture desquels un homme est fort débile et dépourvu pour la compréhension des mystères de ce monde.

Faut-il dire avec quelle joie mon Maître reçut ce cadeau. Bordeaux avait été très en livres et manuscrits, mais Franciscains et Dominicains avaient fait grands ravages et autodafés dans notre ville où très particulièrement la date de 1287 fut néfaste à l'esprit puisque les chapitres de Saint Dominique et Saint François y condamnèrent simultanément toute édition, tout colportage et même toute détention de livres d'Alchimie.

Le Révérend William n'eut pas à faire à un ingrat puisque sa malle repartit vers l'Angleterre en contenant la "Pierre Précieuse" qu'écrivit le lombard Pierre Bon vers 1330, la "Turba Philosophorum", la "Table Chimique du Vieux Zadith" et le "Traité du Secret" de Rhases.

Mais le Maître Anglais qui fit tant d'initiés était reparti depuis longtemps quand vint la date de l'expérience.

J'étais vraiment ému quand je descendis les marches du Caveau Saint Michel en compagnie de mon Très Vénéré Maître et de la petite équipe qui entourait l'Adepte choisi pour l'expérience. Ce dernier avait revêtu une tunique de lin blanc et suivi toute une ascèse durant les jours précédents. A la lueur des torches de résine, il s'installa devant la table qui supportait l'indescriptible labyrinthe des tubes, un arc en ciel de couleurs s'y jouait et le bruit même de sa respiration se transformait en échos cristallins.

Le Maître, de son pouce droit trempé dans l'ocre traça sur le mur le signe sacré qui doit présider à toute expérience alchimique. Puis mettant les bras en croix il récita à voix basse l'oraison dominicale.

L'appareil avait soigneusement été orienté en direction de la Tour de Bourges.

Dans onze autres caveaux, onze autres adeptes se tenaient semblablement face à l'inconnu. Ai-je dit que l'on avait brûlé de l'encens ?

L'adepte regardait le Maître qui lui-même avait les yeux fixés sur une très antique clepsydre où coulait un liquide bleuté.

A l'instant où le Maître leva la main l'adepte se mit à psalmodier notre Lettre Sacrée : Daleth ! Daleth ! Daleth !

Nous savions que dans les caveaux des autres tours les adeptes, eux-aussi, psalmodiaient l'un Aleph, l'autre Beth, l'autre Ghimel puis He, Vau, Dzain, Cheth, Theth, Iod, Caph, Lamed. Et ces douze lettres sacrées réveillaient les forces magiques du zodiaque en la Tour de Bourges... Se concentrant en son appareil récepteur elles se mêlaient pour former la treizième lame:

Mein : le nombre Treize, la Mort, la Transmutation, le Changement...

Mein : La Force Vril.

Ce fut au delà des limites du terrible !!!

Commentaire

Ce que nous avons retrouvé dans la bibliothèque de Bourges (Patr. Bit. N.B.,11,147) nous a démontré qu'en effet le résultat de cette expérience fut terrible, mais que le secret fut bien gardé.

Il est dit qu'un alchimiste du nom de Gonin qui procédait, lui et trois disciples dont un prêtre, à des expériences de transmutation des métaux fut victime de ses travaux secrets. On retrouva dans le caveau d'une tour qui fut nommée depuis : Tour du Diable - les corps des deux disciples qui étaient, nous dit la chronique de Bourges, "d'habiles artisans"; on retrouva aussi le cadavre du prêtre. Quelle force les avait broyés soudain avec leurs appareils ? La Chronique ne nous le dit pas.

Ce que dit la chronique : c'est que l'on ne retrouva pas le corps de Gonin... Fut-il désintégré par la force Vril ou bien - seul indemne - prit-il la fuite vers des régions inconnues ?

Ce qui reste à Bourges de la Tour du Diable est entouré de trois rues :

Rue du Puits Noir

Rue d'Arqueny (autrefois d'Alchimie)

Rue Monsecret (autrefois Mausecret) (Mau = Mauvais)

La Force Vril était vraiment celle d'un mauvais secret pour cette expérience. En effet, les Chroniques du Berry nous disent que le 12 Juillet de l'an 1522, dans la nuit, un "orage" extrêmement violent éclata. L'on devine la force de déflagration qui se cache sous le mot "orage" puisque les chroniques ajoutent que des forêts entières furent arrachées, que plus de cinquante clochers d'Eglises furent renversés et qu'un nombre incroyable de maisons furent détruites... La force Vril ressemblait fort à une force de destruction atomique. Bien plus, la secousse prit une extension sismique et la Chronique de Bourges nous parle du tremblement de terre du 16 juillet de la même année 1522 qui fut d'une rare puissance destructrice.

Edward Bulwer Lytton (Lord Lytton 1803-1873), mondialement connu pour avoir écrit "Les Derniers Jours de Pompéi", puis "Zanoni - le Maître Rose-Croix" et "L'Etrange Histoire", publia en 1873 : "La Race à Venir". Ce roman d'anticipation présente la force Vril en dévoilant beaucoup de choses sur son utilisation.

Il y eut peut-être pire : la peste dont parle l'Alchimiste (cahier numéro six des "Momies de Saint Michel ont enfin la Parole", page 51) était-elle bien la peste ? Après avoir vu les brûlures des retombées atomiques l'on peut penser à des retombées Vril.

En ce qui concerne les Eclairés, Ulrich de Mayence revint en France avec des idées prises aux Incas qui ne furent pas acceptées de tous. En 1532, il fonde l'Eglise Kataugue qui ne rallie pas tous les Eclairés, d'où schisme.

Le Liber Mysteriorum (1581) montre que les Alchimistes correspondaient à distance et même transmettaient des images en des sphères de cristal. Le Docteur John Dee (1527-1608) y confie ses contacts lointains et insolites.


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