Dans une récente étude parue sur ce site, un hommage a été rendu au Père Hyacinthe Loyson pour le centenaire de sa disparition.

Il était légitime de vous présenter celle qui deviendra son épouse.

Née à Oswego (New-York) le 2 juin 1833, décédée le 3décembre 1909, elle se convertit au catholicisme en 1868. Emilie Jane Butterfield veuve Mériman épouse le Père Hyacinthe Loyson le 3 septembre 1872 à Londres.

Elle devient l’épouse d’un prêtre. Scandale pour l’époque, dans une France ultra-catholique, une Eglise et sa hiérarchie coincées dans le célibat ecclésiastique qui voient la femme comme le symbole de la tentation. (Genèse 3:1 - Le serpent était le plus rusé de tous les animaux des champs que Yahvé Dieu avait faits. Il dit à la femme: Alors, Dieu a dit : Vous ne mangerez pas de tous les arbres du jardin ? Genèse 3:2 - La femme répondit au serpent : Nous pouvons manger du fruit des arbres du jardin.)

C’est une femme de lettres, intelligente, cultivée. Écrivain de métier, elle est correspondante pour un journal de New-York.

Elle rencontre le Père Hyacinthe Loyson dans un parloir du couvent de Passy le 17 juin 1867. Elle le revoit en 1868 à Rome, dans l’église St-Louis-des-Français. Leur amitié spirituelle des débuts se transforme en amour.

Le prêtre et l’homme se déchiraient en lui, mais à aucun moment il n’eut le sentiment d’être dans le péché. Leur amour s’imposa, la bénédiction nuptiale leur fut donnée par Mgr Passavalli, archevêque d’Icône, en mai 1872.

N’en déplaise à ses détracteurs, elle n’est pas seulement son épouse mais également sa collaboratrice. « Je veux qu’on sache quelle part elle a eue dans ma vie, non seulement comme collaboratrice, mais comme inspiratrice » dit Le père Hyacinthe Loyson à son fils Paul le 13 décembre 1910 (cité dans Houtin, le Père Hyacinthe Prêtre solitaire.... page 189).

Toujours dans le livre d’Houtin : « Quand Madame Loyson est loin de vous, il semble que vous n’avez plus d’âme » constatait la gouvernante du Père. (ibid 14)

Le Père Hyacinthe Loyson dans son recueil des souvenirs la salue prophétesse. Il trouve magnifique ce mot qu’un jour elle lui dit : « Il y a plus de sagesse dans mon petit doigt que dans la toute-puissance du pape ».

Et il ajoute : « Si la France avait pu être sauvée, elle l’eût été par une telle femme. »

Certains disaient en parlant du Père Hyacinthe « qu’il était, lui prisonnier de cette femme.»

Il n’y a aucun doute, cet homme et cette femme s’aimaient et ensemble, ils eurent le sentiment de travailler avec l’aide de Dieu à la naissance d’une église nouvelle.

Elles n’ont aucun rôle officiel, ne prennent pas d’engagement dans l’Eglise mais occupent une place prépondérante dans la vie des paroisses.

Elles sont là dans l’ombre de leur mari, mais bien présentes et actives.

Dans certains cas, les chapelles n’existeraient pas si elles n’avaient pas apporté une aide financière, une aide matérielle.

A la fin du XX ème siècle les femmes de prêtre, osent s’engager dans le sacerdoce, elles deviennent diaconesses. Emilie-Jane aurait pu recevoir les ordres comme Sainte Placidine épouse de Saint Léonce (VI siècle) et Sainte Bénédicte épouse de Saint Fort (premier évêque de Bordeaux) et ainsi former avec le Père Hyacinthe un couple sacerdotal. Elle en avait le charisme, la foi, la culture.

Elle reste avant-gardiste, première femme des temps modernes a avoir épousé un prêtre de tradition catholique et avoir fait un pied de nez à tous ses détracteurs. Elle a montré le chemin, à Yvonne, Cécile, Micheline, Rose-marie, Irène, Charline, Jacqueline, Maria, Josiane, Colette, Annie, Bernadette, Marie-José, Madeleine, Catherine, Sabrina, Jeanine, Andrée, Katia... Et elles ont toutes œuvré pour l’Eglise Gallicane.

Elle donnera un fils, Paul-Hyacinthe Loyson, né le 19 octobre 1873, qui deviendra poète et dramaturge et mourra en 1921.

Et tous nos enfants et petits-enfants eux aussi sont des militants de l’Eglise Gallicane. Ils en aiment les idées libérales, avancées. Ils sont fiers de leurs parents. Ils ne vont pas toujours aux offices, et alors ! Ils ont leur libre arbitre, leurs occupations.

Remercions Cécile, Amélie, Ophélie, Johan, Vincent, Ludovic, Madison, Sébastien, Jérémi, Damien, Simon, Baptiste, Raphaël, Gabriel, Léa, Marina, Virginie pour l’amour qu’ils portent à leurs parents, leur patience lorsque l’Eglise semble les leur voler. « L’un aime l’Eglise de parrain, l’autre demande à son père de le marier », etc... Ils apprécient surtout cette liberté de choisir, ils ont trouvé leur équilibre.

Comme vous le comprendrez ce petit article sur Madame Loyson était un moyen de vous faire découvrir ce personnage important de la vie de notre Eglise et de remercier toutes celles et ceux qui restent aux côtés de leur mari ou père.

« Nos petites églises familiales » expression du Père Hyacinthe, fonctionnent très bien comme cela.

Dame Sylvie Teyssot - Diaconesse


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