Le gouvernement de l'Eglise dans ses beaux siècles s'exerçait sur le peuple d'une manière modeste et paternelle, parce que ce même peuple y était associé dans une grande mesure.
Saint Cyprien, évêque de Carthage, nous apprend qu'au commencement de son épiscopat il avait résolu de ne rien faire de son chef sans l'avis du clergé et le consentement des fidèles. Ce n'était pas là d'ailleurs, une manière de faire qui lui était personnelle.
"Tout se passait dans l'Eglise par Conseil," nous dit Fleury, parce qu'on ne recherchait qu'à y faire régner la raison, la règle, la volonté de Dieu.
N'étant point présomptueux, les évêques
d'ailleurs ne croyaient pas connaître seuls la vérité, ils
se défiaient de leurs lumières et n'étaient pas jaloux de
celles des autres.
Les assemblées ont ces avantages qu'il y a
d'ordinaire quelqu'un qui montre le bon parti et y ramène les autres.
Il
n'est pas aisé de corrompre toute une compagnie, mais il est très
facile de gagner un seul homme en celui qui le gouverne; s'il se détermine
seul, il suit la pente de ses préférences qui n'ont point de
contrepoids.
D'ailleurs les résolutions communes
sont toujours mieux exécutées, chacun croit en être l'auteur
et ne faire que sa volonté.
Cette part réservée aux laïques dans le gouvernement de
l'Eglise, saint Cyprien l'appelle "la majesté du peuple fidèle".
Nous
ne craignons pas de dire, après un si grand évêque, que
c'est cette majesté qu'il importe de restaurer.