Elohim dit... C’est ainsi que selon la Genèse la Parole de Dieu transforme par étape le "Tohu-Bohu", le chaos primitif en une Création logique et bonne.

Créé à l’image de Dieu l’être humain possède, lui aussi, une parole et le désir sommeille en lui de se servir de cette force du verbe pour remettre en ordre ce qui a été bouleversé par celui que les Ecritures Saintes désignent comme le Sathan.

D’où l’importance des mots dans la prière. Avant l’épisode de la Tour de Babel, l’Humanité ne possédait qu’un seul langage qui était fait de sons essentiels. Nous retrouvons dans de nombreuses langues des racines communes qui semblent l’héritage de ce langage unitaire de l’humanité primitive.

Prenons par exemple le mot koun. En sanscrit il désigne la force vitale qui partant de la base de la colonne vertébrale redresse et vivifie celui ou celle en qui s’éveille ce que les indous nomment la "force kundalini", la force de vie représentée par le symbole du caducée.

En hébreu, en araméen (langue parlée par Jésus) le mot koum désignera le fait d’être debout, de se dresser, de se lever face à la paralysie, à la torpeur ou à la mort. "Koum !" dit l’Eternel à celui dont il va faire son prophète : "debout et prophétise !"

- "Talita Koum" dit Jésus à la fillette qu’il revivifie (Luc 8,54). Nous avons là un de ces mots clefs de l’expression phonétique opérative. Tali signifie en araméen un tout petit agneau; l’on pourrait traduire en français : "tiens-toi debout ma petit agnelle", mais nous n’aurons plus l’appel profond donné par le son koum.

Nous le retrouvons avec une formule latine comme : - "Levate cum Christo" = Debout avec le Christ. Phonétiquement : "lévaté koum kristo".

Est-ce à dire que la syllabe koum porte avec elle un pouvoir de réveil, de délivrance, de guérison ? Non ! Comme tout ce qui accompagne la prière, le mot sacré n’a pas de pouvoir magique, en soi, il n’est que le support éventuel de ce qui passe à travers l’invocation. Simplement, il est, dans des cas physiques et spirituels d’endormissement, le meilleur des supports.

L’impact déterminant de la liturgie de la Parole

En quoi les mots que va adresser un être humain à d’autres êtres humains peuvent-ils constituer un élément de la prière ? Il est nécessaire d’insister sur l’importance de la prédication (l’homélie), sans laquelle le culte public perd ce qui en constitue la clef de voûte...

Dans la vision de l’Eglise, la prédication n’est pas un simple discours : elle est projection par le commentaire inspirée de la Parole de Dieu... C’est par elle que les paroles de l’Evangile vont prendre vie et nourrir l’assemblée.

Les Saintes Ecritures invitent à la prédication qui est l’un des actes essentiels à la vie sacerdotale : "Proclame la parole, insiste à temps et à contre-temps, reprends, menace, exhorte, toujours avec patience et souci d’enseigner" conseille l’Apôtre Paul à son disciple. (2 Timothée 4,2)

Parce que ceux qui participent à la messe n’ont pas toujours une conception parfaite du Mystère célébré lors de l’office, parce que la vie spirituelle est un feu qui a perpétuellement besoin d’être entretenu et ranimé, il est nécessaire que le prédicateur se dépasse, sache trouver les mots qui touchent et font réfléchir.

Il faut qu’à partir de la parole audible au tympan, l’assemblée puisse parvenir à la manducation de la Parole faite chair, le Verbe divin présent dans la communion eucharistique. "Ma parole et ma prédication ne reposaient pas sur les discours persuasifs de la sagesse, mais sur une démonstration d'Esprit et de puissance" déclare l’Apôtre Paul à l’Eglise de Dieu établie à Corinthe (1Corinthiens 2,4).


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