Dans l'article sur les apparitions de Fatima nous avons soulevé un coin du voile sur le rôle joué par le monde angélique à travers cet évènement.

Mais des affirmations comme: "je suis l'ange de la paix" ou "je suis l'ange du Portugal" posent plus de questions qu'elles n'amènent de réponse, surtout à notre époque qui range facilement l'idée de ces créatures spirituelles dans le placard des mythes et des superstitions.

Le savant Origène, un Père de l'Eglise du IIIème siècle a beaucoup écrit sur le sujet. La lecture de ses ouvrages est aujourd'hui encore riche d'enseignements pour tous les chrétiens en recherche. En voici quelques extraits choisis:

Les Provinces

"Grande joie, certes, pour ceux à qui était confiée la charge des hommes et des provinces, que le Christ soit venu dans le monde. Grand avantage aussi, pour l'ange qui gouvernait les affaires d'Egypte: la venue du Seigneur permettrait aux égyptiens de devenir chrétiens. Profit, enfin, pour tous les autres anges qui s'occupaient des différentes provinces, par exemple pour le gardien de la Macédoine, pour le gardien de l'Achaïe et pour ceux des autres régions." (Sur Saint Luc Homélie 12,3-4)

Comme nous le voyons, le savant Origène a l'exacte notion du rôle d'accompagnateur joué par ces formidables créatures spirituelles dans la vie des hommes. Un peu plus loin nous lisons:

"Mais ce qu'on dit de chaque province, il faut, à mon avis, le croire également de tous les hommes sans distinction. Chacun a l'assistance de deux anges, un ange de justice, un ange d'iniquité. Si de bonnes pensées occupent notre coeur et si la justice a produit de nombreux fruits en nous, nul doute que ce soit l'ange du Seigneur qui nous parle; mais si ce sont de mauvaises pensées qui s'agitent dans notre coeur, c'est l'ange du diable qui nous les suggère."

"Et si chaque homme a deux anges, de même, à mon avis, y a-t-il dans chaque province des anges différents: il y a les bons et les mauvais. Ainsi de très mauvais anges étaient gardiens d'Ephèse à cause des pécheurs qui se trouvaient dans cette ville. Mais parce qu'il s'y trouvait beaucoup de croyants, il y avait aussi un ange de l'Eglise d'Ephèse vraiment bon. Et ce que nous avons dit d'Ephèse, il faut l'entendre de toutes les provinces." (Sur Saint Luc Homélie 12,4-5)

Cette vision d'Origène se retrouve dans la mystique des peuples. En France, l'Eglise Gallicane a son ange, le célèbre archange Michel, dont l'ombre tutélaire couvre notre fameux Mont Saint Michel, là où il est apparu jadis à l'évêque d'Avranches pour lui demander de bâtir un sanctuaire à la limite de la Bretagne et de la Normandie. C'est le même archange Michel qui fit entendre sa voix à une jeune paysanne de Lorraine, la célèbre Jeanne d'Arc. Dans la mystique des apparitions et des révélations l'ange est souvent présent, quoi de plus naturel en somme.

L'Ange des Eglises

Origène va plus loin encore dans sa théologie du monde angélique, il aborde la mission de l'ange en lien avec celle des Eglises. Ecoutons-le:

"Si l'on permet une certaine audace de langage à celui qui suit le sens de l'Ecriture, je dirai qu'il y a deux évêques par Eglise, l'un visible et l'autre invisible, l'un se manifeste aux yeux de la chair, l'autre à l'intelligence. Si un homme a bien accompli la tâche qui lui était confiée, il est loué par le Seigneur; sinon il tombe sous le coup d'une faute ou d'un vice; il en va de même pour l'ange."

"Si donc les anges éprouvent de l'inquiétude pour la manière dont ils gouvernent les Eglises, est-il besoin de parler des hommes et de la crainte qui doit être la leur lorsqu'ils doivent atteindre le salut, en travaillant en collaboration avec les anges ? Pour ma part, je pense possible de trouver à la fois un ange et un homme, qui soient de bons évêques de l'Eglise et qui participent en quelque sorte à eux deux à une oeuvre unique. Puisqu'il en est ainsi demandons au Dieu tout-puissant que les évêques des Eglises, anges et hommes, nous viennent en aide, et sachons que les uns et les autres seront jugés d'après ce qu'ils auront fait pour nous." (Sur Saint Luc Homélie 13,5-6)

En nous inspirant des écrits d'Origène nous pouvons encore supposer qu'autre est l'ange gardien du prêtre, autre est celui du diacre ou de la diaconesse, autre est celui de l'exorciste, du portier, du lecteur, etc; selon la tâche et le don de l'Esprit-Saint transmis par l'Eglise à l'être humain.

L'Eglise a toujours enseigné la présence d'un ange gardien pour chaque personne. La fête liturgique correspondante se situe le 2 octobre, et l'Eglise Gallicane a toujours maintenu cette dévotion. Il en va de même pour les fêtes des archanges que nous maintenons les 24 mars (Saint Gabriel), 29 septembre (Saint Michel) et 24 octobre (Saint Raphaël); contrairement aux nouvelles dispositions du calendrier qui supprime les fêtes de mars et d'octobre pour célébrer une fête globale le 29 septembre. Il y a tant à dire sur chacun des archanges que nous ne voyons pas pourquoi supprimer arbitrairement telle ou telle fête, cela n'a pas de sens à nos yeux.


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