Au début du mois de septembre, la Congrégation pour la doctrine de la Foi du Vatican a publié un texte sur: "l'unicité et l'universalité salvifique de Jésus-Christ et de l'Eglise".

Au-delà de l'aspect technique de ce texte, qui s'adresse avant tout à des spécialistes de la théologie, nous avons voulu réagir sur certaines affirmations. "S'ils se taisent, les pierres crieront" affirmait le Sauveur en parlant de ses disciples (Luc 19,40). Nous pensons que certaines allégations du Vatican nécessitent une réelle mise au point.

Affirmer tout d'abord que "l'Eglise du Christ continue à exister en plénitude dans la seule Eglise Catholique" nous semble une déclaration invraisemblable à l'aube du troisième millénaire, et alors que l'oecuménisme est pratiqué par de nombreux chrétiens, dont beaucoup de catholiques-romains.

L'Eglise n'est pas un monopole qui serait la propriété d'un groupe de croyants, aussi respectables soient-ils. Cette présentation ne fait que reprendre - sous un habillage plus habile - l'ancien adage: "hors de Rome, point de salut".

Cela laisse également supposer que l'oecuménisme du Saint Siège romain n'est qu'une manoeuvre destinée à séduire et à plaire, mais une manoeuvre destinée principalement à manipuler.

Pourquoi ?

Le même texte affirme quelques lignes plus loin "que des éléments nombreux de sanctification et de vérité subsistent hors de ses structures, c'est à dire dans les Eglises et communauté ecclésiales qui ne sont pas encore en pleine communion avec l'Eglise Catholique". L'oecuménisme du Vatican est donc à sens unique, l'expression "pas encore" en est vraiment le signe.
Les autres chrétiens sont regardés dans ces relations oecuméniques comme des sortes de dissidents qu'il s'agirait de ramener à la discipline romaine.
Comme on est loin de l'esprit de tolérance et de liberté de l'Evangile avec de telles déclarations.

A la ligne suivante le texte enfonce encore le clou sur les autres Eglises:
"Mais il faut affirmer de ces dernières que leur force dérive de la plénitude de grâce et de vérité qui a été confiée à l'Eglise Catholique".
Encore faudrait-il savoir, avant de "dériver", ce que l'on entend par Eglise Catholique ?
L'opinion de Rome qui réduit le mot à sa seule juridiction, ou celle de Saint Augustin qui nous dit que "l'Eglise Catholique est formée des bons et des justes depuis le premier homme jusqu'au dernier" ?

Un peu plus loin le texte semble vouloir se rattraper en affirmant que "les Eglises qui, quoique sans communion parfaite avec l'Eglise Catholique, lui restent cependant unies par des liens très étroits comme la succession apostolique et l'Eucharistie valide, sont de véritables Eglises particulières. Par conséquent, l'Eglise du Christ est présente et agissante dans ces Eglises".

Mais écrire le contraire eut été une véritable déclaration de guerre à l'encontre des autres familles chrétiennes, orthodoxes, vieilles-catholiques, mariavites, anglicanes et gallicanes, qui ont conservé la succession apostolique.

Qu'est-ce que la succession apostolique ?

Depuis le Christ imposant ses mains vénérables aux apôtres jusqu'aux évêques d'aujourd'hui existe une chaîne de transmission ininterrompue: la succession apostolique. Pour qu'un évêque soit validement consacré, il faut qu'il reçoive la consécration d'un autre évêque dont la chaîne de succession remonte sans interruption jusqu'à l'un des apôtres institué par Jésus-Christ. Ainsi les sacrements conférés ensuite par ses prêtres, dont principalement celui de l'Eucharistie, ont une valeur sacrée. On parle ainsi pour l'Eucharistie de Présence Réelle du Sauveur sous les apparences du pain et du vin. Les Eglises qui ont conservé la succession apostolique croient que chaque communiant reçoit lors de la messe le corps, le sang, l'âme et la divinité du Seigneur Jésus-Christ; Mystère de Foi que seul le croyant peut percevoir dans la prière et la Force de l'Esprit-Saint.

L'enseignement de Saint Ignace d'Antioche (†107) est identique à celui de Saint Cyprien de Carthage (†258). Pendant mille ans les chrétiens d'occident et d'orient ont pleinement et unanimement partagé les vues d'Ignace et de Cyprien. C'est à dire:

- L'Eglise exprime sa véritable nature dans la célébration de la Cène et dans la Communion Eucharistique.

- Chaque communauté qui célèbre l'Eucharistie présidée par son évêque, est elle-même l'Eglise universelle dans sa plénitude.

Il s'ensuit clairement:

1) Qu'une Eglise locale, c'est à dire une communauté eucharistique communiante autour de son évêque, n'est pas "une partie" de l'Eglise universelle, mais celle-ci tout entière et pleinement.

2) Que l'Eglise universelle, réalité qualitative et fondée sur le divin Mystère, ne consiste pas en une addition, quantitative, des Eglises locales existant de par le monde.

3) Que la notion d'Eglise comme organisation mondiale englobant toutes les communautés locales, est une notion radicalement contraire à l'organisation apostolique et synodale des premiers siècles de l'ère chrétienne.

Saint Cyprien de Carthage a donné, en termes immortels, la juste définition, la définition catholique et orthodoxe, de l'unité de l'Eglise:

"L'épiscopat est un tout, que chaque évêque reçoit dans sa plénitude. De même que l'Eglise est un tout, bien qu'elle s'étende au loin dans une multitude d'Eglises qui croissent au fur et à mesure qu'elle devient plus fertile."

"A quelque Eglise que les évêques soient attachés" a dit saint Jérôme, "à celle de Rome ou à celle de Constantinople, ou encore à celle d'Alexandrie, ils méritent le même respect et possèdent le même sacerdoce."

Aujourd'hui pas plus qu'hier, aucun évêque particulier n'a le droit de prétendre représenter seul l'Eglise Universelle. Chaque évêque représente son Eglise et ce sont ces évêques assemblés qui représentent toute l'Eglise. Ainsi, tous les évêques étant premiers pasteurs, peuvent validement dans leur Eglise, ce que le pape évêque de Rome, peut dans la sienne.

Et pourtant, en 1870, le Pape Pie IX s'attribuait par la voix du concile du Vatican une suprématie sur tous les hommes dans les matières de foi et de morale; suprématie fondée sur un prétendu privilège d'infaillibilité, usurpant ainsi tous les attributs du Christ.

La puissance des évêques n'est pas une émanation de la plénitude de pouvoir que s'arroge la papauté, mais une participation de l'autorité divine qui réside en Jésus-Christ, pontife éternel et chef souverain de son Eglise.


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