Le 28 juin 1868, la Bulle Aeterni Patria convoque les évêques du monde catholique pour un concile devant se tenir à Rome dés le 8 décembre 1869.

Une certaine presse romaine et parisienne, inspirée par le Vatican, ultramontaine, c’est à dire partisane du pouvoir absolu du pape développe alors l'idée que le but principal du concile serait de définir le dogme de l'infaillibilité pontificale.

Le pape de l'époque (Pie IX), avait préparé le terrain pour cela.
La publication du Syllabus (1864), texte solennel dans lequel il condamnait le libéralisme et ses principes - dont la liberté de la Foi et de la conscience - ouvrait la porte à de nombreux excès; par exemple Pie IX revendiquait dans le Syllabus la suprématie de l'Eglise sur l'Etat.
Dix ans auparavant, le 8 décembre 1854, Pie IX définissait le dogme de l'Immaculée Conception de la Vierge Marie, sans réunir un concile sur cette décision dogmatique.

Lorsqu'on s'aperçut que la doctrine moyenâgeuse sur la papauté devait être définie comme dogme, 380 des 778 évêques présents appuyèrent cette proposition; 136 évêques s'y opposèrent.
Entre les deux partis les débats furent tumultueux, les résistances farouches. L'on évoqua en particulier les cas les plus flagrants d'erreurs doctrinales commises par des papes: Honorius I, condamné par le sixième concile oecuménique (Constantinople 680-681), Libère, Vigile, Jean XXII, pour ne citer que ceux là.

Les évêques de la minorité étaient soutenus par des érudits connus dans toute l'Europe, avec des personnalités éminentes comme l'évêque d'Orléans, Monseigneur Dupanloup, l'historien Döllinger, l'évêque de Mayence, Wilhelm-Emmanuel von Ketteler.

La crise politique entre la Prusse et la France apporta au pape un avantage inespéré: les évêques allemands et français durent regagner leurs diocèses. L'opposition perdait ainsi 57 voix précieuses. La plupart des adversaires restants étaient des évêques italiens. Leur situation financière dépendait du pape. Celui-ci abusa de la situation et laissa supposer qu'il pourrait leur couper les vivres. Les autres, découragés, finirent par céder. Seuls deux réfractaires eurent le courage de voter "non", mais ils se rétractèrent aussitôt.

Le 18 juillet 1870, Pie IX put définir que le double dogme de la primauté universelle de droit divin et l'infaillibilité du pape était une vérité de foi divinement révélée.

La promulgation du dogme de l'infaillibilité pontificale entraîna en Suisse et en Allemagne le schisme des vieux-catholiques.

En France, où le parti gallican emmené par Mgr Dupanloup avait déclaré que cette prétention est "la plus grande insolence qui se soit jusqu'ici perpétrée au nom de Jésus-Christ", des réactions ponctuelles se manifestèrent. Elles furent le fait d'individualités émouvantes et courageuses acceptant de tout perdre en quittant la puissante institution catholique-romaine.

Seuls quelques prêtres, dans la fidélité à leur conscience et à ce qu'ils avaient reçu de l'Eglise Gallicane, bravèrent les foudres excommunicatoires du Vatican.

Le Père Hyacinthe Loyson

L'Abbé Junqua

L'Abbé Mouls

L'Abbé Michon


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