Est-il une figure plus noble que celle de Saint Joseph, l'époux de Marie, Mère du Christ ? Joseph est ce qu'on appellerait aujourd'hui un homme d'exception.

L'Evangile de Mathieu le désigne comme un homme juste. Il n'y a pas de méchanceté en lui. On l'imagine doté d'une force intérieure peu commune, honnête, loyal, endurant, persévérant, n'ayant qu'une parole.

Tel Jean Valjean, figure emblématique des Misérables, Joseph est capable d'assumer des choses qui dépassent de loin la commune mesure. Mais sans la Foi qui le guide, son aventure demeure impossible. Sa vie se décline avant tout comme un acte de Foi.

Le Contexte

Fils de Jacob (Mathieu 1,16) Joseph appartient à la tribu royale de Juda, lignée de l'illustre roi David. Ses origines glorieuses ne l'empêchent pas d'exercer la profession de charpentier, un métier qui dans la Palestine du temps de Jésus suppose de la force et de l'habileté, ainsi qu'une solide capacité de résistance au feu brûlant du soleil. C'est un homme sans doute initié très jeune en l'art de bâtir, à l'instar de la confrérie des compagnons du Moyen-Age.

La modestie des ressources de la Sainte Famille est bien expliquée par (Luc 2,7): parce qu'il n'y a "pas de place pour eux dans l'hôtellerie", le couple providentiel se réfugie dans une crèche pour la naissance de l'Enfant-Dieu. Joseph appartient donc à l'immense catégorie des "petites gens", des humbles sur le labeur et les souffrances desquels repose tout l'édifice social.

Ceci explique la débrouillardise de l'Enfant Jésus à douze ans (Luc 2,41-46), capable de s'assumer seul dans la grande ville cosmopolite de Jérusalem, à l'insu de ses parents. La rudesse et la précarité des conditions de vie de l'époque forgent sans doute très tôt les caractères. Faire face à l'adversité y est une nécessité vitale.

La Palestine du temps de Joseph est un pays occupé par l'armée romaine, pas facile donc d'y exister librement. La pression militaire est constante et les soldats ne sont pas toujours aussi bien disposés que le centurion de l'Evangile (Mathieu 8,5-10). Un roi exerce son influence, Hérode, monarque méprisé et craint par le peuple. C'est un malade qui n'hésite pas à faire assassiner deux de ses fils pour les écarter du pouvoir. Au temps de la naissance du Christ, il sera tristement célèbre pour le "massacre des saints innocents" (Mathieu 2,16)

Un Homme Juste

C'est ainsi que l'Evangile de Mathieu (1,19) désigne Joseph, lorsque la grossesse de Marie commence à être connue. Il a conscience de ne pas en être l'initiateur, mais demeure sans rancune; son souhait: simplement se séparer de sa fiancée, dans le respect et la dignité. La cruelle loi de Moïse pourrait aiguiser les appétits de vengeance. La condamnation à mort de la femme adultère est prescrite en guise de châtiment.

Dans le village de Nazareth, la grossesse de Marie devient publique, même si Joseph prend toutes les précautions pour ne pas l'ébruiter (Mathieu 1,19). Marie doit fuir dans les montagnes où elle se réfugie trois mois chez sa cousine Elisabeth (Visitation - Luc 1,56). Il faut l'intervention du courant miraculeux, un songe est envoyé à Joseph (Mathieu 1,20-21) pour que celui-ci arrête, par le mariage, ceux qui veulent appliquer la peine de mort.

Deux choses importantes me semblent à souligner dans cet épisode.

La première concerne directement Joseph. Il faut une Foi extraordinaire pour admettre, sur un simple songe, l'intervention divine dans la grossesse de sa fiancée. Se réveiller et se dire: ce n'était pas un rêve... Si l'on admet que le songe est un rêve inspiré d'En-Haut !

La deuxième est plus incisive, plus insidieuse, elle porte le nom venimeux de rumeur. Même si le mariage de Joseph et Marie met fin - officiellement - aux menaces de mort planant sur la jeune fille, la rumeur existera toujours dans le village de Nazareth... Jésus enfant, adolescent puis jeune homme recevra certainement en pleine figure les ragots colportés sur sa mère, à l'école, dans la rue ou lors des fêtes du village. Ce sont des choses qui font mal et qui peuvent blesser, marquer un enfant. Cela explique que bien plus tard, lorsqu'on présente au Seigneur la femme adultère, en agitant le spectre de la terrible sanction, Jésus, d'habitude si prompt à répondre, reste d'abord silencieux, puis se met à écrire sur le sol (Jean 8,6). Une émotion bien compréhensible l'envahit, le souvenir des sarcasmes qui accablaient sa mère gronde en lui. Ensuite, il sauve la vie de la femme par une formule désormais célèbre: "que celui qui n'a jamais péché lui jette la première pierre" (Jean 8,7).

Puissance du Courant Miraculeux

Les évènements qui entourent la naissance du Christ révèlent la présence de deux courants antagonistes. D'abord le courant miraculeux, le Fils de Dieu vient en personne, sa famille est donc, d'une certaine façon, prise en charge par ce courant protecteur: visite de l'ange Gabriel à Marie (Annonciation - Luc 1,26-38), songes envoyés à Joseph (Mathieu 1,20-21; 2,13-14 et 2,19-22), offrandes providentielles des mages permettant à la sainte famille de s'installer un temps en Egypte, dans l'attente de jours meilleurs (Mathieu 2,11-23).

A l'inverse, rien n'est épargné aux parents de Jésus: menaces sur la vie de Marie, pauvreté matérielle au moment de la naissance de l'Enfant-Dieu, fureur exterminatrice d'Hérode, fuite en Egypte. Le mélange du bon grain et de l'ivraie évoque un monde bien réel, notre terre, théâtre de l'affrontement permanent du bien et du mal. Pourquoi le Ciel parle-t-il toujours à Joseph par le canal du songe ?

Pourquoi Marie reçoit-elle, en état de veille seulement, le message de l'ange ? Notons que le charisme du songe est aussi adressé aux mages (Mathieu 2,12). L'Apôtre Paul semble y répondre dans ses épîtres en écrivant: "Il y a diversité de dons, mais c'est le même Esprit; diversité de ministères, mais c'est le même Seigneur; diversité d'opérations, mais c'est le même Dieu qui opère tout en tous. Or, à chacun la manifestation de l'Esprit est donnée en vue du bien commun. En effet, à l'un est donnée par l'Esprit une parole de sagesse; à un autre, une parole de connaissance, selon le même Esprit; à un autre, la foi, par le même Esprit; à un autre, le don des guérisons, par le même Esprit; à un autre, le don d'opérer des miracles; à un autre, la prophétie; à un autre, le discernement des esprits; à un autre, la diversité des langues; à un autre, l'interprétation des langues. Un seul et même Esprit opère toutes ces choses, les distribuant à chacun en particulier comme il veut" (1 Corinthiens 12,4-11).

Une Famille de Croyants

L'Evangile de Luc fait ressortir cette particularité du couple formé par Joseph et Marie. Le huitième jour après la naissance de l'Enfant, le rite de la circoncision est pratiqué (Luc 2,21). La présentation de Jésus au Temple de Jérusalem a lieu quarante jours après sa nativité, conformément à la loi de Moïse, et ses parents font le voyage (fête du 2 février - Luc 2,22-38). Marie y accomplit en sus les rites prescrits aux femmes par la loi mosaïque.

Chaque année, selon ce que nous dit Saint Luc, Joseph et Marie se rendent en pèlerinage à Jérusalem pour la fête de la Pâque (Luc 2,41). L'Enfant ne semble pas toujours d'un caractère facile. A douze ans, il fausse compagnie à ses parents qui le retrouvent après plusieurs journées de recherche (Luc 2,42-50).

Marie pose alors une question qui, à elle seule, contient tout un programme d'éducation ! "Mon fils, pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois, ton père et moi nous te cherchions tout affligés" (Luc 2,48). Avant toute chose, elle cherche à comprendre. C'est un signe d'intelligence. Le couple formé par Joseph et Marie révèle une famille où l'on est capable de se parler, de s'écouter, avec respect et sensibilité.

A l'âge adulte, Jésus montre une profonde connaissance, imprégnation des Ecritures. Hormis le fait de certaines "prédispositions" venues de sa nature divine, on peut en conclure qu'il devait souvent accompagner ses parents au Temple ou à la synagogue.

Les textes révèlent également le Christ comme quelqu'un de fort et de compatissant tout à la fois, c'est un signe de maturité. La force et l'autorité ne doivent point empêcher la tendresse et la sensibilité. La nature divine est une chose, mais il a fallu que la personne du Sauveur grandisse au sein d'une famille exprimant un réel équilibre pour que le "Fils de l'Homme" soit.

Les Frères de Jésus

Ils sont mentionnés par les Evangiles: "N'est-ce pas là le fils du charpentier ? N'a-t-il pas pour mère la nommée Marie, et pour frères Jacques, Joseph, Simon et Jude ? Et ses soeurs ne sont-elles pas toutes parmi nous ?" (Mathieu 13,55-56). Ailleurs, en (Mathieu 12,46-47 et 28,10), (Marc 3,31), (Luc 8,19), (Jean 2,12 et 7,3-10) et (Actes 1,14), les Saintes Ecritures révèlent leur existence.

Cela ne remet nullement en cause l'affirmation de la virginité de Marie (Luc 1,34-35). Et l'évangéliste Luc, ne voulant laisser subsister aucun doute, présente clairement l'Enfant Jésus comme "son fils premier-né" (Luc 2,7).

Des polémiques éclateront dès le quatrième siècle sur le thème de la "virginité perpétuelle de Marie". Il est à noter que l'Eglise primitive ne s'est pas embarrassée de telles questions. "Tout est pur pour les purs" écrivait déjà l'Apôtre Paul en (Tite 1,15). La notion de pureté dans l'Eglise primitive est avant tout associée au coeur, à la compassion et à la générosité. Aux tartufes, Jésus déclare: "les publicains et les prostituées vous devancent dans le royaume de cieux" (Mathieu 21,31-32).

Dans la pensée de l'Eglise primitive, le fait que Joseph et Marie aient pu avoir ensemble d'autres enfants après la naissance miraculeuse du Fils de Dieu ne paraît pas choquant.

Par contre, il faut reconnaître que les frères de Jésus ne croyaient pas en lui. Déjà, en (Mathieu 13,57) Jésus avait déclaré: "nul n'est prophète en son pays". Et l'Evangile de Jean affirme: "Cependant, la fête juive des Tentes approchait. Ses frères lui dirent donc: Passe d'ici en Judée, afin que tes disciples aussi voient les oeuvres que tu fais: on agit pas en secret, quand on veut être connu. Puisque tu fais ces oeuvres là, manifeste-toi au monde. Même ses frères en effet ne croyaient pas en lui" (Jean 7,2-5).

Ceci explique, me semble-t-il, qu'au moment de la crucifixion Jésus confie sa mère à Jean, et Jean à sa mère (Jean 19,27). Jean est le seul apôtre resté fidèle, jusqu'au bout, jusqu'à l'agonie du Golgotha. Juda a trahi, Pierre a renié, les autres apôtres sont en fuite et l'Evangile ignore totalement les frères de Jésus. On ne les retrouve, en prière avec Marie, qu'après la résurrection, comme le reste des apôtres (Actes 1,14). Mais, entre-temps, ainsi que le révèle l'Apôtre Paul dans sa première épître aux Corinthiens, Jésus ressuscité est aussi apparu à Jacques (1 Cor. 15,7), ce personnage éminent nommé par Paul "frère du Seigneur" (Galates 1,19), bientôt à la tête de la première Eglise de Jérusalem (Actes 12,17; 15,13 et 21,18); à ne pas confondre avec l'Apôtre Jacques, martyrisé lors de la première persécution (Actes 12,2).

Et Joseph !

La Tradition veut que celui-ci disparaisse de cette terre un peu avant le début du ministère public de Jésus. En effet, les Evangiles cessent d'évoquer sa présence lorsque débutent les miracles du Christ. Lors du premier signe, aux Noces de Cana, Jésus est seul avec sa mère (Jean 2,1-12).

L'Evangile de Marc (6,3) désigne Jésus comme le charpentier. Il exerce donc un métier pour lequel il a été bien formé. Des années durant, Joseph a dû s'employer à lui transmettre tout son art, tout son savoir. La transmission d'un métier est une chose, mais on peut imaginer que Joseph a transmis bien plus: les qualités humaines qui fondent la valeur d'une personne; le respect, l'humilité, la patience, l'endurance dans l'effort. Quiconque a travaillé dur avec les diverses corporations des métiers du bâtiment peut comprendre l'état d'esprit de Joseph. Il fut autant un père qu'un maître pour le jeune adulte Jésus.

La littérature chrétienne a toujours exalté la puissance des relations existant entre Jésus sa mère. Cela semble juste, car les Evangiles (Jean 2,1-12 et 19,27) montrent que Marie compte beaucoup pour son fils. Il ne sait rien lui refuser, même si les noces de Cana révèlent un Jésus un peu rude à travers les paroles échangées avec sa mère. On peut y voir une pudeur et l'expression de la puissance du caractère. Les mêmes relations existaient-elles avec Joseph ?

Les Evangiles ne le disent pas, ils sont muets sur le sujet. Cela reste le jardin secret du Sauveur et appartient de toute façon à sa vie privée. La vie publique de Jésus, ses miracles et la transmission de la Parole de Dieu demeurent l'essentiel à connaître. Il fondent l'espérance et la foi chrétienne.

Mais si les Evangiles, en dehors de la naissance et de la prime enfance du Christ sont peu disert sur Joseph, cela ne signifie nullement qu'il doit être relégué au second plan, comme un personnage de moindre importance. Sans renier l'importance de Marie ni la puissance de sa prière dans la vie de l'Eglise, n'oublions pas Joseph. Il mérite notre attention et notre respect. C'est malheureusement pour beaucoup d'Eglises et de chrétiens le saint de l'oubli. Avec bonheur, il a un puissant Protecteur au Ciel, celui qu'il a élevé et aimé comme un fils à qui l'on transmet tout son amour. Peut-on imaginer que Jésus ait pensé à Joseph en déclarant: "les derniers seront les premiers et les premiers seront les derniers" (Mathieu 19,30 et 20,16 - Marc 10,31) ?


En lien avec l'article précédent sur Joseph et son développement sur les frères de Jésus, il est intéressant de mentionner une découverte archéologique étonnante remontant à octobre 2002. Ce 12 octobre 2002, l'épigraphiste français André Lemaire découvre sur le flanc d'un ossuaire appartenant à un collectionneur israélien une inscription en araméen (langue parlée par le Christ et dans toute la Palestine à l'époque): "Ya'akoV, bar Yosef, akhui di-Yeshua".

En français cela se traduit par: Jacques, fils de Joseph, frère de Jésus.

Outre le fait que cela serait la première preuve archéologique montrant la réalité historique de l'existence du Christ, le mystérieux ossuaire évoque le personnage de Jacques, chef de la première Eglise chrétienne à Jérusalem, lapidé en l'an 62. L'historien juif Flavius Josephe (37-100 ap. J-C) et l'Evangile apocryphe de Saint Thomas (logia 13) le nomment "Jacques le Juste".

L'ossuaire est composé d'un petit sarcophage de pierre à l'intérieur duquel, selon la tradition juive de l'époque, on plaçait les os du défunt environ un an après sa mort. Il provient du village arabe de Silwan, près de Jérusalem.

L'authenticité de l'inscription a pu être vérifiée au moyen du microscope électronique.

André Lemaire a expliqué que l'araméen n'a été utilisé que de -20 à 70 ap. J.-C. pour les inscriptions sur les ossuaires. Les détracteurs de cette découverte qui dérange (elle remet en question les dogmes de certaines Eglises) font valoir qu'à l'époque, les prénoms de Ya'akoV,Yosef et Yeshua étaient portés par de nombreux habitants de Jérusalem. Mais selon André Lemaire, la probabilité pour que les trois prénoms sortent dans cet ordre de filiation est très réduite. Un spécialiste a par ailleurs évalué à une vingtaine le nombre des habitants de Jérusalem pouvant s'appeler Jacques, avoir un Joseph pour père et un Jésus pour frère. Mais la mention d'un frère sur un ossuaire est une chose rare, ce serait seulement le second exemple connu à ce jour.

La référence à Jésus de Nazareth serait un hommage, ses disciples ne pouvant passer sous silence la relation de parenté qui le liait à Jacques, le défunt.


Sur la question des frères de Jésus soulevée précédemment dans l'article sur Joseph précisons encore:

1) Que le thème de la virginité perpétuelle de Marie n'apparaît, avec le taciturne Saint Jérôme, qu'au quatrième siècle après Jésus-Christ.
2) Qu'au sixième siècle le concile de Mâcon (585) se demande si les femmes ont une âme...
3) Qu'à partir du Moyen-Age le célibat des prêtres devient la règle pour l'Eglise latine d'Occident.

La femme et la sexualité deviennent, très vite, sujets tabous...

L'Eglise primitive, beaucoup plus équilibrée, ignorait de tels excès.

Les épîtres bibliques de l'Apôtre Paul à Tite et à Timothée veulent que l'on choisisse comme diacres, prêtres et évêques des hommes mariés et équilibrés (1 Timothée 3,1-13 et Tite 1,5-9), pour éviter les déviations et les problèmes, pour placer des hommes solides à la tête des communautés chrétiennes.

Pour sourire, les délibérations du tristement célèbre concile de Mâcon (585) révèlent aussi le canon 13; celui-ci interdit aux évêques d'avoir chez eux des chiens de garde dressés à mordre les pauvres qui viennent demander l'aumône...


Concernant la virginité perpétuelle de Marie la question à se poser est:
De quelle virginité s'agit-il ?

S'il s'agit de la conservation d'un état physiologique et de l'absence de relations sexuelles avec Joseph cela implique (et beaucoup d'hommes d'Eglise ont versé dans ce sens depuis 2000 ans) que la chair est "mauvaise", la sexualité "sale", la pureté se situe alors à ce niveau.

Si - comme je le crois - la "virginité" est en fait un état de transparence à Dieu (sincérité, droiture, courage, loyauté, respect de la parole donnée, perméabilité à la grâce divine, foi, espérance et amour) la "pureté" s'adresse alors à ces valeurs.

L'Evangile le dit d'une autre façon lorsque Jésus déclare purs tous les aliments: "ce n'est pas ce qui entre dans la bouche qui rend l'homme impur, mais ce qui sort de sa bouche et qui vient du coeur" - déclare le Seigneur (Mathieu 15,11).

La virginité me semble moins quelque chose à conserver qu'un état à découvrir, à conquérir.

Ainsi on pourrait dire que Marie-Madeleine, la célèbre prostituée de l'Evangile "découvre et conquiert cet état de transparence à Dieu" après sa rencontre avec le Christ. Et ce sera le premier être humain à voir le Christ ressuscité.

Soulignons que dès la fin du premier siècle apparaît la première hérésie, celles des docètes (docétisme), combattue par l'Apôtre Jean dans son Evangile (Verbe qui se fait chair). Les docètes refusaient l'idée que Jésus ait pu être une personne matérielle (physique, charnelle). Pour eux le Christ avait été quelqu'un de purement lumineux, les apôtres voyaient "une image", pas un être de chair et de sang. En fait, cela procède toujours d'une seule et même idée: - refus de l'Incarnation, d'un Dieu qui devient personne, être humain; refus de la chair considérée comme "mauvaise", "sale", etc.

Personnellement, je crois que le Christ, par son Incarnation, a sauvegardé toutes nos capacités. Cela est essentiel

Que Marie soit vierge au sens physique du terme est clairement attesté par Luc 1,34-35 avant la naissance du Christ. Si Luc prend bien soin de nous le préciser c'est pour que nous n'ayons pas de doute sur l'origine miraculeuse de la naissance de Jésus. Mais après, est-ce que cela revêt de l'importance ? Luc ne dit plus rien là-dessus.

Marie et Joseph auraient-ils été obligés de respecter scrupuleusement la continence sexuelle dans leur mariage, pourquoi ? Les Evangiles n'affirment rien là-dessus. Par contre Luc 2,7 nous précise que Jésus est son "fils premier-né", (il n'a pas écrit: fils unique) ce qui laisse entendre qu'il y a d'autres enfants après le premier. Le même Luc, qui a rédigé les actes des Apôtres révèle la présence des frères de Jésus avec Marie en prière avant la Pentecôte (Actes 1,4), il les montre dans son Evangile en 8,19.

Le bon sens suppose que s'ils étaient vraiment des cousins (selon une thèse développée par certains) Luc, Mathieu, Marc et Jean - qui tous évoquent - à plusieurs reprises - les frères de Jésus (Mathieu 13,55-56 ; 12,46-47 et 28,10 - Marc 3,31 ; Jean 2,12 et 7,3-10) l'auraient précisé dans leurs Evangiles respectifs. Cela ne leur a pas paru important.

Il nous faut comprendre la virginité de Marie après la naissance de Jésus avant tout comme un état de transparence à Dieu et de réceptivité à la Grâce.


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