La Bible multiplie les références au chiffre sept. La Création elle-même est marquée de ce sceau puisque l'Eternel créa toutes choses sous cette architecture: "Dieu acheva au septième jour son oeuvre; et il se reposa au septième jour de toute l'oeuvre qu'il avait faite." (Genèse 2,2).
Dans le temple de Salomon à Jérusalem le chandelier à sept branches marquait par ses sept lueurs les sept fondamentalités: notes pures de la gamme, jours de la semaine, couleurs du spectre solaire: "J'ai placé mon arc dans la nuée, et il servira de signe d'alliance entre moi et la terre" dit l'Eternel (Genèse 9,13).
C'est par sept sacrements que s'établissent les rapports entre le Christ et l'Eglise et sur la croix, c'est sept paroles que le Christ prononça. Le livre de l'Apocalypse a pour pivot le chiffre sept: sept Eglises, sept chandeliers, sept étoiles dans la main du Christ, sept esprits, sept sceaux, sept trompettes des sept anges.
C'est en sept ans que se bâtit le temple de Salomon, sept ans est l'âge symbolique de "raison" et le livre des Proverbes révèle que "le juste pèche sept fois par jour" (Pr. 24,16).
Il faut aussi évoquer les sept vertus théologales auxquelles s'opposent les sept péchés capitaux. Dans le rite gallican de la messe le chandelier à sept branches symbolise les sept dons de l'Esprit Saint; le livre des Evangiles est élevé devant ce candélabre avant l'annonce de la Parole de Dieu.
Pourquoi Jésus nomme t-il "royaume des cieux" le domaine de sa royauté ? Sinon comme aurait dit Monsieur de la Palice parce qu'il en existe plusieurs. L'Eglise latine a développé une théologie à trois étages de l'invisible (enfer, purgatoire et paradis) qui ne semble pas spécialement correspondre aux traditions des premiers siècles de l'ère chrétienne.
Saint Irénée de Lyon, l'un des plus illustre Pères de l'Eglise du IIème siècle affirme: "Le monde se compose de sept cieux. Y habitent les vertus, les anges et les archanges; ils remplissent les fonctions du culte envers le Dieu bon et créateur de tout. C'est pourquoi est abondante l'habitation de l'esprit de Dieu. Le prophète Isaïe énumère (Isaïe 11,2) sept formes de son culte qui ont reposé sur le Fils de Dieu, le Verbe, au moment de son Incarnation. La première est la Sagesse: elle contient toutes les autres. Moïse en a donné le modèle dans son candélabre à sept branches" (Démonstration Apostolique 12,761).
Le livre de l'Ascension du Prophète Isaïe, récit apocryphe (c'est à dire qui n'est pas rangé dans le canon officiel catholique et orthodoxe des écrits religieux juifs et chrétiens) conservé toutefois en entier par l'Eglise Orthodoxe Ethiopienne raconte la vision du prophète contemplant le Christ qui traverse les sept cieux par deux fois, l'une pour descendre vers la terre, l'autre pour remonter vers les espaces supérieurs.Le mystère de l'Incarnation du Fils de Dieu s'y révèle avec une intensité bouleversante. L'auteur affirme que ce mystère "a été caché à tous les cieux, à tous les princes et à tous les dieux du monde" (As. 11,16), ce qui rejoint le point de vue théologique développé par Saint Paul dans en (1 Cor. 2,8).
Le prophète ajoute: "J'entendis la voix du Très-Haut, le Père de Notre Seigneur, disant à mon Seigneur le Christ, qui sera appelé Jésus: sors et descend tous les cieux; puis Tu descendras au firmament et à ce monde. Tu Te transformeras selon la forme de ceux qui sont dans les cinq cieux, et Tu veilleras à Te transformer selon la forme des anges du firmament. Qu'aucun de ces anges ne sache que Tu es avec moi le Seigneur des sept cieux et de leurs anges, afin que Tu juges et anéantisse les princes, les anges et les dieux de ce monde" (As. 10,7-12).
Le même texte décrit la descente du Verbe dans les cieux supérieurs, septième et sixième: Là il y apparaît non caché, dans tout l'éclat de sa majesté divine. Séraphins et chérubins reçoivent, au septième ciel tout d'abord, la révélation du secret divin: le mystère de l'Incarnation commence à s'accomplir. La Parole de Dieu, le Verbe Créateur descend de son trône royal en une sublime et impensable involution.
Au sixième ciel trônes et puissances reçoivent à leur tour la révélation du secret, la divinité du Verbe qui descend resplendit sans changement dans les altissimes sphères du royaume de Dieu.
Saint Irénée de Lyon écrit: "Par sa nouveauté, la descente du Christ jette les anges dans la stupeur. Le Christ descend à travers les sept cieux en s'assimilant la forme des fils de ceux-ci" (Contre les hérésies I 30,11-12).
Révélé aux plus hauts cieux de la liturgie céleste, le secret divin demeure inaccessible au cinquième ciel, le dernier des cieux supérieurs: "Et lorsqu'il descendit dans le cinquième ciel, je vis qu'il s'y transforma selon l'aspect des anges qui étaient là. Son aspect étant comme le leur, ils ne le glorifiaient pas" (As. 10,20).
Notre Seigneur Jésus-Christ - "Fils unique de Dieu, Né du Père avant tous les siècles, Dieu né de Dieu, Lumière née de Lumière, Vrai Dieu né du vrai Dieu, Engendré non créé, Consubstantiel au Père, Par qui tout a été créé" - pour reprendre les termes du credo de Nicée-Constantinople, se dépouille progressivement du visible, du tangible de sa gloire au fur et à mesure que, du cinquième ciel où personne ne Le reconnaît plus, il descend les quatre cieux inférieurs.
Poursuivant sa descente à travers les quatre cieux inférieurs, le Verbe n'y est reconnu par aucun des anges, ni par aucun autre habitant de ces régions: "Je change de forme dans chaque ciel, selon l'apparence de ceux qui s'y trouvent, afin de ne pas être reconnu de mes puissances" (Saint Epiphane de Chypre - Panarion 21,2-4). "Quand je viens du Père, que je traverse les cieux, étant revêtu de la Sagesse et de la Force du Père, je suis alors semblable aux êtres célestes, anges et archanges. Quand je traverse les cieux sous leur aspect, je suis comme l'un d'eux. Je trouve les ordres, les puissances, les dominations; les archanges Michel, Gabriel, Ouriel et Raphaël m'ont suivi jusqu'au cinquième firmament, puisque, une telle puissance m'ayant été donnée par le Père, je ressemblais à l'un d'entre eux. J'ai ensuite épouvanté les archanges par ma parole, leur disant de retourner vers l'autel du Père et de le servir à leur manière jusqu'à ce que je revienne à Lui" (Epître des Douze Apôtres 24).
Saint Grégoire de Naziance, Père de l'Eglise du IVème siècle et évêque de Constantinople écrit dans une homélie sur l'Ascension: "Lorsque les puissances hypercosmiques accompagnent le Seigneur dans sa descente, elles ordonnent aux anges qui entourent la terre et à qui est confié le soin de la vie humaine d'élever leurs portes en disant: levez-vous, portes éternelles, et le roi de gloire entrera. Mais comme Celui qui porte tout en Lui, où qu'Il se rende se proportionne à ceux qui Le reçoivent, Il ne devient pas seulement homme avec les hommes, mais venant chez les anges Il s'assimile à leur nature. Aussi les portiers interrogent-ils ceux qui parlent, en disant: qui est ce roi de gloire ?"
Continuons avec la lecture du prophète Isaïe: "Et je Le vis lorsqu'Il arriva au firmament où habite le prince de ce monde. Il donna le mot de passe à ceux de gauche. Son aspect étant comme le leur, ils ne le louèrent pas, mais par envie ils disputaient l'un contre l'autre" (As. 10,29).
Notre stupéfaction rejoint là celle de toute la nature angélique des septième et sixième ciels. Poursuivant sa descente, le Seigneur prend l'aspect des anges déchus du firmament...
En cet instant un équilibre va se rompre chez "les puissances de l'air" dont parlait l'Apôtre Paul dans l'article précédent. Comme les animaux qui s'affolent en sentant avant l'homme l'approche d'une catastrophe, les démons qui tiennent le monde sous le firmament pressentent qu'un énorme danger les menace tandis que va se décupler leur haine. Nous entrons maintenant dans les événements de notre histoire: fuite de Marie enceinte chez Elisabeth sa cousine pour échapper à la peine de mort frappant la femme adultère, férocité d'Hérode, massacre des saints innocents à Bethléem...
"N'allez pas croire que je sois venu apporter la paix sur la terre; je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive" (Mathieu 10,34) - "Il n'y a rien de caché qui ne doive être manifesté, et rien n'est demeuré secret que pour venir au grand jour" (Marc 4,22) - "Etroite est la porte et resserré le chemin qui mène à la Vie, et peu nombreux ceux qui le trouvent" (Mathieu 7,14) - Saint Ignace, évêque d'Antioche au Ier siècle écrit dans son épître aux Tralliens: "Ne puis-je vous écrire des choses du ciel ? J'ai peur de vous faire du mal, à vous qui êtes encore des enfants. pardonnez-moi, j'ai peur qu'incapables de recevoir une plus forte nourriture, vous ne vous étrangliez. Bien que je sois moi-même enchaîné, et capable de concevoir les choses célestes et les hiérarchies des anges et les armées des principautés, les choses visibles et les invisibles, je ne suis pas pour autant un disciple. Il nous manque beaucoup de choses, pour que Dieu ne nous manque pas" (Tralliens 5,1-2).
Commence la dynamique du Christ sur la terre:
"Le sixième mois, l'ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée du nom de Nazareth, à une vierge fiancée à un homme du nom de Joseph, de la maison de David; et le nom de la vierge était Marie. Il entra et lui dit: réjouis-toi, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi. A cette parole elle fut toute troublée et elle se demandait ce que signifiait cette salutation. Et l'ange lui dit: ne crains pas, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu concevras dans ton sein et enfanteras un fils, et tu l'appelleras du nom de Jésus" (Luc 1,26-31).
"Qui pour nous hommes et pour notre salut est descendu des
Cieux
"S'est incarné par le Saint-Esprit
"De la Vierge
Marie
"Et s'est fait Homme. (Extrait du
credo de Nicée-Constantinople)
"Jean le Baptiste fut dans le désert, proclamant un baptême de repentir pour la rémission des péchés" (Marc 1,14).
"Il y a encore bien d'autres choses que Jésus a faites. Si on les mettait par écrit une à une, je pense que le monde lui-même ne suffirait pas à contenir les livres qu'on écrirait" (fin de l'Evangile de Jean 21, 24-25).
Le troisième ciel, que l'Apôtre Paul appelle aussi paradis (2 Cor 12, 1-4), est aussi le séjour des défunts qui attendent la résurrection. Parmi eux, certains peuvent, en raison de la grâce, quitter cette région pour monter beaucoup plus haut.
Plusieurs textes nous éclairent sur la "multiplicité des demeures dans le royaume du Père": "l'homme qui meurt va à la rencontre de l'ange de la paix; celui-ci le conduit à la vie éternelle" (Testament d'Aser 6,5-6) - "L'Ecriture (l'Apocalypse de Pierre) dit que les petits enfants exposés sont confiés à un ange gardien: il les élève et les fait grandir; ils seront comme les fidèles d'ici quand ils ont cent ans" (Clément d'Alexandrie - Ecologae propheticae 41,1) - Et en 48,1: "La Providence divine ne s'étend pas seulement à ceux qui sont dans la chair. Pierre, par exemple, dit dans son Apocalypse: les enfants avortés sont confiés à un ange gardien, afin qu'ils obtiennent une destinée meilleure." Enfin le texte de l'Ascension d'Isaïe affirme: "Je me réjouis d'une grande joie parce que ceux qui aiment le Très-Haut et son Bien-Aimé monteront dans le septième ciel, à leur fin dernière, par Gabriel, l'ange de l'Esprit-Saint" (As. 7,23).
Sous le premier ciel atmosphérique et sidéral, celui que nous apercevons en levant les yeux, le firmament pose la limite que ne peuvent franchir les anges déchus; habitants pour la plupart les cinq premiers cieux avant leur chute, ils seront jetés dans la géhenne lors du jugement dernier: "Et je le vis lorsqu'il arriva au firmament où habite le prince de ce monde" (As. 10,29).
Rappelons qui sont ces anges; un mystérieux passage du premier livre de la Bible nous les présente: "Lorsque les hommes eurent commencé à se multiplier sur la face de la terre, et que des filles leur furent nées, les fils de Dieu virent que les filles des hommes étaient belles, et ils en prirent pour femmes parmi toutes celles qu'ils choisirent. Alors l'Eternel dit: Mon esprit ne restera pas à toujours dans l'homme, car l'homme n'est que chair, et ses jours seront de cent vingt ans. Les géants étaient sur la terre en ces temps-là, après que les fils de Dieu furent venus vers les filles des hommes, et qu'elles leur eurent donné des enfants: ce sont ces héros qui furent fameux dans l'antiquité" (Genèse 6,1-4).
Cet épisode sert d'entrée en matière au récit du déluge. Le livre d'Hénoch - autre apocryphe célèbre rangé dans le canon de l'Eglise Ethiopienne - nous apprend que ces anges venus du cinquième ciel (qu'il nomme les anges veilleurs) apprirent aux hommes à se fabriquer des armes de guerre et enseignèrent aux femmes la magie. Michel, Ouriel, Raphaël et Gabriel, anges des cieux supérieurs guerroyèrent contre eux. Un grand nombre de veilleurs déchus fut alors précipité sur la terre pour tous les jours du monde historique: "Vous étiez tout à l'heure dans le ciel. Tous les secrets ne vous avaient pas encore été révélés. Vous n'avez connu qu'un mystère futile: dans l'endurcissement de votre coeur, vous l'avez communiqué aux femmes. Par ce mystère, les femmes et les hommes ont multiplié le mal sur la terre. Dis-leur: il n'y a pas de paix pour vous" (Livre d'Hénoch 17).
Ces écrits nous aident à lever un pan de voile sur de stupéfiantes réalités. Les credos des Apôtres et de Nicée-Constantinople révèlent encore que le Christ est "descendu aux enfers" (entre sa mort et sa résurrection), puis est remonté dans les cieux (Ascension), où il "siège désormais à la droite du Père". Nous essayerons de revenir dans d'autres articles - si ces sujets intéressent nos lecteurs - sur tous ces points en nous aidant des textes dont nous disposons.
L'homme du XXème siècle (et bientôt du XXIème !) a la chance de disposer de nombreuses sources écrites, inconnues du plus grand nombre il y a quelques dizaines d'années seulement. De nombreux éditeurs publient des textes précieux qui menaçaient de tomber dans l'oubli, l'Internet permet aussi d'accéder aux recherches de nombreuses universités et instituts en matière de textes anciens et d'archéologie. Pourquoi s'en priver ?
On a trop souvent accusé les Eglises de n'avoir pas grand chose à présenter dans le domaine de la connaissance et de laisser ainsi le champ libre aux sectes et aux imposteurs. Sans dédaigner la Foi du charbonnier qui est et sera toujours le pilier de la vie chrétienne, ne perdons pas la mémoire d'une culture et de vérités qui sont aussi Lumière sur le chemin qui nous mène au Christ.
** Lecture des Apocryphes cités dans cet article: - Livre d'Henoch, Ascension d'Isaïe, Apocalypse de Pierre, etc.
Pour les trouver, se renseigner auprès de votre libraire. Certains éditeurs publient en un seul ouvrage de nombreux textes apocryphes, mais attention, le prix peut-être très élevé.
Plus simplement, il est possible d'enregistrer directement sur votre ordinateur la plupart de ces textes pour les consulter ensuite à tête reposée. Voici quelques adresses que nous avons visitées et repérées pour vous sur le web:
1) L'université de Wesley
http://wesley.nnu.edu/noncanon.htm
95%
des textes apocryphes y sont disponibles ! Une vraie mine d'or, mais en anglais.
2) La librairie des textes éthiopiens (publié par l'Institut
d'Etude des Textes Anciens - université de Prague, en République
Tchèque)
http://anes235-1.ff.cuni.cz/projects/semitic/ethiopian/intro.htm
Cet
Institut possède la particularité de publier les manuscrits
anciens à la fois en anglais et en langue sémitique (utilisée
par Jésus et les Apôtres).
3) Manuscrits de la mer morte:
http://sunsite.unc.edu/expo/deadsea.scrolls.exhibit/intro.html
De nombreuses autres adresses Internet sont disponibles à partir des pages d'accueil ou de liens des universités indiquées plus haut. Un nouveau clic de souris vous fera découvrir bien d'autres choses.