La notion d'un Dieu éternel, situé hors de l'espace et du temps est largement connue des religions. Lors de son apparition à Moïse dans le buisson ardent, lorsque le prophète lui demande son nom la réponse est : « Je suis celui qui suis » (Exode 3,14). L'Eternel Dieu Très Haut appartient à l'essence, c'est à dire à ce qui est depuis toute éternité. Jésus déclare à son tour : « Je suis la résurrection et la vie » (Jean 11,25), ou encore : « Avant qu'Abraham fût, je suis. » (Jean 8,59)

Dieu est, dans le principe, l'essence, c'est sa spécificité. Dans l'existence, dans l'espace et dans le temps, un chrétien considère qu'il se manifeste par l'incarnation de son fils Jésus. Et aujourd'hui encore, dans nos cultures occidentales, celui-ci sert de marqueur temporel puisque l'on compte les années à partir de sa date de naissance.

Comment comprendre ce que nous pourrions appeler : les couloirs du temps ?

Selon les premiers chapitres bibliques de la Genèse, à l'échelle du divin, hors de l'espace et du temps, il n'existe que sept jours immuables, ceux de la Création. Ils reflètent la volonté divine, la conception immaculée, l'idée non salie de la Création. « Et Dieu vit que cela était bon » nous dit la Genèse…

Ensuite viennent les « couloirs du temps », là où les sept jours de la Création se répercutent dans l'infini du continuum spatio-temporel. Dans ces couloirs, c'est là qu'il nous faut chercher la racine du mal, comprendre qu'il appartient à l'existence, non à l'essence, et qu'il sème perpétuellement l'ivraie dans le bon grain de la Création.

Le Bon Grain et l'Ivraie

Pour expliquer le pourquoi de l'origine du mal, Jésus a proposé cette parabole : « Le royaume des cieux est semblable à un homme qui a semé du bon grain dans son champ. Mais, pendant que les gens dormaient, son ennemi vint, sema de l’ivraie parmi le blé, et s’en alla. Lorsque l’herbe eut poussé et donné du fruit, l’ivraie parut aussi. Les serviteurs du maître de la maison vinrent lui dire : Seigneur, n’as-tu pas semé une bonne semence dans ton champ ? D’où vient donc qu’il y a de l’ivraie ? Il leur répondit: c’est un ennemi qui a fait cela. »

Le septième jour de la Création, Dieu se reposa de l'ouvrage qu'il avait fait nous dit la Genèse. C'est là que l'Adversaire apparaît pour semer la zizanie, selon la parabole donnée par Jésus. Cet Adversaire, Jésus ne le sous-estime pas. Il l'appelle le « prince de ce monde » dans l'Evangile de Jean. Ce même Adversaire, selon le livre de l'Apocalypse, est « précipité sur la terre et ses anges avec lui, » lors du combat titanesque perdu dans les cieux contre l'Archange Michel.

« Le péché est une gravitation » écrivait Victor Hugo. Notre monde, selon les textes bibliques, serait l'un des domaines du mal. « Par le péché, la mort est entrée dans le monde » écrit l'Apôtre Paul. Il faut bien reconnaître que dans ce monde nous sommes mortels, les autres espèces aussi d'ailleurs. Hommes, plantes, animaux, étoiles, planètes, tout a un début et aussi une fin dans cet univers, qui lui-même devrait disparaître un jour selon une échelle qui compte en milliards d'années, en l'état actuel des connaissances. Le chrétien s'aperçoit que le Fils de Dieu lui-même n'a pas triché avec cette condition, lors de son incarnation. Venu modestement au monde dans l'humble crèche de Bethléem, il a partagé la vie des ouvriers de son temps, étant lui-même charpentier. Il est mort aussi, crucifié par la barbarie religieuse de son époque. Mais il est ressuscité le troisième jour. Ce signe, à lui seul, indique que sa personne mérite notre attention, une attention vraiment exceptionnelle. Aujourd'hui encore, malgré toute notre science et toute notre technologie, il est impossible d'empêcher le vieillissement et la mort. La vie de toutes les cellules composant un organisme vivant, humain ou animal, n'échappe pas aux « marqueurs des couloirs du temps ». Le rêve de l'immortalité ou de la vie éternelle relève de l'utopie pour l'incroyant, ou de la foi pour celui ou celle qui sait voir autrement.

Dans la mythologie grecque déjà, le dieu Chronos, dieu primordial du temps et de la destinée, père des Titans et du grand Zeus, dévore ses propres enfants. Le temps est chronophage, il dévore…

La question qui surgit depuis la nuit des temps, pour toutes les créatures qui existent en ce monde, hors l'instinct de survie est : quel sens donnons-nous à l'existence, dans le temps de la vie terrestre ? Le Christ le révèle par sa parole. La réponse est simple : l'amour. Ce sentiment extraordinaire produit la joie, exprime l'idéal, permet de s'oublier en agissant pour les autres. Parfois il peut aller jusqu'au sacrifice de sa propre vie. Jésus déclare d'ailleurs à ce sujet : « il n'y a pas de plus grand amour que celui qui donne sa vie pour ceux qu'il aime. » Se dépenser sans compter pour nourrir ses enfants, dans le travail, se donner à fond dans un métier pour éduquer et enseigner le prochain, le soigner, le défendre, l'aider à devenir une belle personne, respectueuse des autres et de la vie, tolérante, juste et riche en miséricorde, voici quelques pistes empruntées par les humains depuis bien longtemps. Mais tous ne le comprennent pas. L'ignorance, la bêtise et ce qu'on appelle les sept péchés capitaux conduisent aux ténèbres, à l'anéantissement de l'esprit dans la sombre nuit de la haine. La barbarie en est une manifestation, comme un abrutissement implacable de la conscience. C'est toujours le bon grain et l'ivraie. Le coeur de l'homme est potentiellement capable du meilleur comme du pire. Nous sommes à la fois fils des ténèbres ou de la lumière, selon que nous penchons d'un côté ou de l'autre.

Parfois nous aimerions que ce monde soit différent. Peut-il l'être ? Nous avons la possibilité de le transformer, de l'améliorer : médicaments, recherche scientifique, écologie, éthique, style de vie, comportement social, l'homme essaye des solutions. La recherche du bonheur passe par une évolution. Dans les couloirs du temps, l'homme a compris que la vie est évolution permanente. Elle s'adapte pour trouver des solutions. Et toutes les espèces sont concernées par ce processus. Dans la parabole des talents, Jésus lui-même nous a expliqué que nous devions faire preuve de créativité et d'initiative pour nous améliorer, pour que notre vie soit meilleure, plus heureuse, plus constructive. La nature a horreur du vide dit le proverbe. Dans l'idéal, une vie doit être bien remplie, elle doit pouvoir transmettre quelque chose qui soit utile aux autres, les rendre meilleurs.

Le Passage de la Mort à la Vie

La résurrection du Christ pour le croyant est quelque chose d'extraordinaire. En conjurant la fatalité de la mort, Jésus ouvre des perspectives vertigineuses. La promesse de la vie éternelle, c'est la découverte d'un horizon insoupçonné. Notre esprit est fait pour entrer dans une région sans limite : « ce que l'oeil n'a vu, ce que l'oreille n'a point entendu, Dieu l'a préparé pour ceux qui l'aime » écrit l'Apôtre Paul dans la première épître aux Corinthiens.

Parfois dans notre vie actuelle, nous entrevoyons ces moments au parfum d'éternité. Les moments les plus heureux de notre vie, ces instants que nous aimerions voir durer toujours, qui nous semblent si courts. Dans ces instants là nous sommes, pleinement ! C'est la différence entre l'être et l'avoir dont parle Saint Augustin. « Car c'est à nous que Dieu l'a révélé par l'esprit » écrit Saint Paul, en s'adressant aux Corinthiens ; « l'esprit en effet scrute tout, jusqu'aux profondeurs divines. »

Cette perception de l'éternité relève de l'esprit. Elle relève aussi de l'amour, pour éviter un éternel ennui. L'immortalité de l'esprit n'aurait aucun sens sinon, dans cette dimension. Le christianisme avec son Dieu unique en trois Personnes égales et distinctes, c'est à dire la Trinité (Père, Fils et Esprit) a réglé le problème, si je puis dire. Un Dieu tout seul serait imparfait, il n'aurait personne à aimer dans l'infini. Un Dieu composé de plusieurs personnes n'est pas seul. L'amour y est possible de toute éternité. C'est le signe de sa nature profonde.

Autant il est parfois possible à l'être humain de ressentir ces instants de plénitude et d'éternité, dans ce que la théologie appelle la Grâce, autant à l'inverse le temps peut devenir lourd, terrible, pesant, mordant, déchirant même. En paraphrasant Victor Hugo, le poète inspiré qui écrit « le péché est une gravitation », nous pourrions évoquer la pesanteur du mal ; ces minutes, ces secondes qui durent parfois des heures lorsqu'on souffre, lorsqu'on pleure. Le temps est relatif, pas simplement en terme de physique et de mathématique selon les théories des savants, mais parce que nous sommes capables d'en faire expérience, de le ressentir avec nos propres émotions.

Le passage de la mort à la vie, ce n'est pas seulement celui des ténèbres à la lumière, mais aussi celui de la douleur à la délivrance. Avant de mourir sur la croix et d'entrer dans la région sans limite, le Christ a passé des moments atroces, et d'autres avec lui. Sa mère, sa famille, ses amis, les deux autres condamnés à morts exécutés en croix à ses côtés, il y eut plusieurs formes de douleurs. L'un des deux condamnés, celui appelé « bon larron » par l'Evangile sera même le premier être humain à entrer dans le royaume du Christ, donnant un sens explicite à cette phrase de l'Evangile : « les derniers seront les premiers, et les premiers seront les derniers. » Ce « bon larron », écrasé lui aussi par la douleur a su pendant un instant entrevoir autre chose, au contact de Jésus. Mystère d'une rencontre, d'un moment, d'une présence. Au milieu de tout ce mal il a vu une lumière, de l'espoir, il a entrevu autre chose, par l'esprit. Et le Christ lui a répondu en lui ouvrant les portes de son royaume, celui qui « n'est pas de ce monde », selon la déclaration du Sauveur au Gouverneur Pilate. « Es-tu roi ? » - « Je le suis en effet ; mais mon royaume n'est pas de ce monde. » Le centurion romain présidant à l'exécution des trois condamnés à mort entrevoit lui aussi cette lumière, au contact de Jésus :  « vraiment, cet homme était le Fils de Dieu. » Là encore, mystère d'une rencontre, d'un moment, d'une présence… « l'esprit en effet scrute tout, jusqu'aux profondeurs divines » selon Saint Paul.

Les Esclaves du Temps

Dans son existence terrestre, l'être humain a parfois le sentiment d'être un esclave. Parfois malheureusement, il ne s'agit pas seulement d'un sentiment. Quelles que soient les époques, l'humanité a toujours payé un lourd tribut à la barbarie. Ceux qui utilisent et exploitent les autres ont toujours existé. L'altruisme et la générosité qui devraient être au centre de toutes les sociétés humaines ne sont pas, aujourd'hui encore, des valeurs fondamentales aux yeux de certains.

Le Dieu des chrétiens a subi le sort des esclaves qui se révoltaient à l'époque de l'empire romain, il a été crucifié. Les hommes libres étaient exécutés par le glaive, plus rapide. Au temps du Christ, dans l'empire romain, la moitié de la population était composée d'esclaves. Cela permet de comprendre comment le christianisme a pu se développer aussi promptement, en quelques siècles. La population vivant sous le joug de l'esclavage s'est reconnue à travers ce Dieu qui leur ressemblait, jusqu'à mourir comme eux.

Mais surtout, au-delà de sa mort, il y avait le signe de sa résurrection. Là cela devient encore plus intéressant. Ce royaume dont il s'est dit roi, par delà les portes de cette vie terrestre, a suscité l'espoir. Il existait donc une autre réalité, dans laquelle la vie pouvait continuer, jusque dans l'éternité ! La mort n'était pas si terrible. La chenille sortait de sa chrysalide, le papillon prenait son envol.

En parcourant les Evangiles, l'épisode la transfiguration du Christ ouvre une fenêtre vers ce royaume. Relisons le texte : « Six jours après, Jésus prit avec lui Pierre, Jacques, et Jean, son frère, et il les conduisit à l'écart sur une haute montagne. Il fut transfiguré devant eux; son visage resplendit comme le soleil, et ses vêtements devinrent blancs comme la lumière. Et voici, Moïse et Élie leur apparurent, s'entretenant avec lui. Pierre, prenant la parole, dit à Jésus : Seigneur, il est bon que nous soyons ici; si tu le veux, je dresserai ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. Comme il parlait encore, une nuée lumineuse les couvrit. Et voici, une voix se fit entendre de la nuée avec ces paroles : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis tout mon amour : écoutez-le! Lorsqu'ils entendirent cette voix, les disciples tombèrent le visage contre terre, et furent saisis d'une grande peur. Mais Jésus, s'approchant, les toucha, et dit : Levez-vous, n'ayez pas peur ! Ils levèrent les yeux, et ne virent que Jésus seul. Comme ils descendaient de la montagne, Jésus leur donna cet ordre : Ne parlez à personne de cette vision, jusqu'à ce que le Fils de l'homme soit ressuscité des morts. » (Mathieu 17,1-9)

Par un acte extraordinaire de sa volonté, Jésus ouvre un point de passage entre notre monde terrestre et celui où existent ceux et celles qui nous ont quitté. Les barrières sont levées, les frontières sont abolies durant une courte période de temps ! Et soulignons-le, pour bien prendre la mesure du prodige, Moïse avait disparu depuis 1200 ans et le prophète Elie vivait 600 ans avant l'ère chrétienne.

Ce qui frappe encore dans ce récit, c'est le dialogue entre ces trois personnalités : Jésus, Moïse et Elie. La « Communion des Saints », cette formule utilisée dans le Symbole de la Foi (Credo des Apôtres) devient ici un fait. Les défunts sont les vivants d'une autre réalité.

Nous pouvons prier pour nos chers disparus, c'est la conviction de l'Eglise depuis toujours. Dans la « Communion des Saints » il est possible de dialoguer dans la prière et par la Foi, de s'aider mutuellement. Les racines de l'Eglise plongent autant dans le terrestre que dans le céleste. Nous croyons que les êtres aimés et enlevés par la mort ne sont jamais loin de nous. La Foi permet à notre esprit d'agir sans aucune limite. Selon l'enseignement de Jésus, elle soulève même les montagnes !

En attendant, dans le temps de la vie terrestre, nous avons tous quelque chose à faire. Le sens de la vie, donner du sens, c'est une question universelle. Le temps est d'autant plus supportable si l'on peut se battre pour quelque chose, ou pour quelqu'un. Comme le chrétien est un guerrier pacifique, ses armes sont celles des huit béatitudes :

« Bienheureux les pauvres en esprit, car le Royaume des Cieux est à eux.
Bienheureux les affligés, car ils seront consolés.
Bienheureux les doux, car ils posséderont la terre.
Bienheureux les affamés et assoiffés de la justice, car ils seront rassasiés.
Bienheureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde.
Bienheureux les cœurs purs, car ils verront Dieu.
Bienheureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu.
Bienheureux les persécutés pour la justice, car le Royaume des Cieux est à eux.
Bienheureux êtes-vous quand on vous insultera, qu'on vous persécutera, et qu'on dira faussement contre vous toute sorte d'infamie à cause de moi.
Soyez dans la joie et l'allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux : c'est bien ainsi qu'on a persécuté les prophètes, vos devanciers. »
(Mathieu 5,3-12)

Le chemin des béatitudes est repris par l’Église lors de la fête de la Toussaint. Chaque 1er novembre ce texte est lu et médité lors des célébrations. Il est voie de perfection et d'accomplissement. Ses valeurs ont nourri la foi de générations et de générations de chrétiens. La miséricorde et la justice n'y sont pas oubliées. Elles sont clefs de participation au royaume du Christ.

D'un certain point de vue, dans la vie terrestre, le temps peut-être une prison. La douleur liée à la perte d'un être cher, l'absence, le vide causé par une vie disparue, enlevée, il faut arriver à le supporter. Cela est certainement plus facile pour le croyant. Se sentir relié en permanence aux proches, même par delà les portes de cette vie terrestre, c'est un réconfort et une force. Il y a le souvenir bien sur, mais par la foi il y a aussi l'esprit. Pouvoir projeter son regard au-delà de l'horizon parfois morne et triste de l'existence, sortir de l'esclavage d'un temps qui défile, dévore et s'échappe en permanence, entrevoir par instant ce qui est et demeure, dans l'éternité. Moments heureux au parfum de vie débordante et de plénitude, moments terribles où la douleur devient insupportable. L'histoire de la vie, belle et redoutable, selon les temps, les moments ; nous sommes tous concernés par cette aventure.

Une question se pose relativement à ceux qui nous ont quitté. Quel peut-être, dans l'autre monde, leur rapport avec le temps ? Il est certainement très différent du nôtre. Essayons de lever juste un petit coin du voile sur cet aspect mystérieux. Les textes bibliques ou les chroniques de la vie des saints révèlent des personnalités capables de lire dans le passé ou de plonger par l'esprit dans le futur. Jésus dans les Evangiles, le curé d'Ars dans son ministère étaient crédités de ces « habilitations ». Ils avaient ce don. Aujourd'hui, des études sérieuses sur les EMI (expériences de mort imminente) rapportent des témoignages époustouflants de personnes accédant à la lecture d'événements passés ou futurs. En quittant ce monde, la conscience n'est d'une part plus assujettie aux limites des trois dimensions de l'espace (hauteur, largeur, profondeur), et d'autre part elle s'affranchit de la quatrième : le temps. Mieux encore, tout se passe comme si l'esprit passait dans une cinquième dimension englobant les quatre autres ; ceci explique la possibilité dans certaines EMI ou pour les mystiques d'accéder aux informations contenues dans la quatrième dimension. En « circulant » dans les « couloirs du temps », avec toute la prudence requise pour oser une telle affirmation, et selon un mode opératoire qui échappe à notre compréhension actuelle, l'esprit rapporte de précieuses informations.

Le rapport avec le temps pour les défunts, « citoyens » d'une autre réalité, n'est pas le nôtre. Poétiquement le psaume 90 de la Bible ou la deuxième épître de Pierre nous disent déjà que pour Dieu : « Mille ans sont comme un jour ! » L'attente, le manque, la douleur de la séparation ne sont certainement pas ressentis de la même manière selon que l'on vive ici, ou que l'on ait déjà mis un pied dans l'éternité. Encore une fois, le rapport au temps n'est pas le même. Et dans le monde à venir nous aurons tous le même âge, celui de la vie éternelle.

J'aime également penser que les animaux sont participants eux aussi, de cette aventure. La Providence les a inclus sur l'arche du salut, au temps de Noé. Ils sont présents à la Crèche. Pourquoi ne seraient-ils pas invités aux aussi dans l'autre monde ? L'affectivité, la sensibilité, la mémoire, la fidélité sont communes aux espèces de mammifères évolués dont nous sommes. On peut imaginer un chien ou un chat attendant patiemment son maître sur le seuil de la vie éternelle. Des esprits chagrins me diront que je rêve, me laissant emporter par le flot de l'imagination. Qu'en est-il vraiment ? J'ai le préjugé favorable. Le Dieu dans lequel je crois me semble suffisamment bon et large d'esprit pour accueillir toutes ses créatures, même les plus innocentes.

Mgr Thierry Teyssot


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